Il a condamné Fourniret

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Gilles Latapie présidait la cour d'assises des Ardennes qui a jugé en mai 2008 Michel Fourniret. Il a donc conduit pendant deux mois le procès de l'un plus grands tueurs en série français, à Charleville-Mézières (Ardennes).
Puisque l'affaire est définitivement jugée (ni Fourniret, ni sa compagne, condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité n'ont fait appel), la loi autorise le magistrat à s'exprimer. La démarche, pourtant, se révèle exceptionnelle. "Le président de la cour d'assises parle", proclame d'ailleurs le sous-titre du livre.
« Un vieux survêtement, la barbe »
Les mots sont simples et clairs « J'ai cherché à traiter Fourniret comme n'importe quel autre accusé. Il me fallait favoriser le dialogue. Et pourtant la pression était là : Le premier jour, je suis dans le direct absolu, pas d'oreillette pour savoir quoi dire et quoi faire... »
Gilles Latapie raconte ensuite le premier face-à-face avec le tueur en série : « Il est dans une scène qu'il a préparée. Plus pathétique qu'impérial. Un vieux survêtement, la barbe... on dirait un druide, il n'a pas une image conquérante. »
Maintenir un équilibre
Le procès terminé, le magistrat garde quelques images fortes de ces deux longs mois, à la fois pénibles et révélateurs : « Ce qui me poursuit ce sont des images de ces familles des victimes d'une dignité extraordinaire, qui ont vaincu l'adversité. Il a été difficile pour moi de ne pas considérer l'accusé comme un coupable et de favoriser l'équilibre entre ceux qui avaient quelque chose à lui reprocher et ses défenseurs. J'ai été dans un rôle de police de l'audience, j'ai toujours cherché à maintenir cet équilibre... »