Hortefeux en porte-à-faux sur la baisse des effectifs policiers

L'opposition estime que l'offensive sécuritaire du gouvernement français est contredite par la nouvelle baisse des effectifs qui s'annonce dans la police nationale et dénonce une "agitation stérile". /Photo prise le 12 août 2010/REUTERS/Robert Pratta - -
PARIS (Reuters) - L'opposition estime que l'offensive sécuritaire du gouvernement français est contredite par la nouvelle baisse des effectifs qui s'annonce dans la police nationale et dénonce une "agitation stérile".
Dans son édition datée de mercredi, Le Monde avance que Nicolas Sarkozy et son gouvernement s'apprêtent à supprimer 3.500 postes de policiers supplémentaires dans les trois ans à venir dans le cadre de la préparation du budget 2011.
Le gouvernement s'orienterait également vers une réduction drastique des moyens de fonctionnement de la police, selon le quotidien.
Les policiers n'échapperaient donc pas à la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qui a déjà vu la suppression de 9.121 postes de policiers et de gendarmes depuis 2007, selon des syndicats de police.
Selon Denis Jacob, du syndicat de police Alliance, les organisations syndicales n'ont reçu pour le moment aucune notification des projets budgétaires du ministère de l'Intérieur.
Le PS, qui reste prudent sur ce terrain et prépare des propositions sur la sécurité pour début 2011, dénonce une "logique de clochardisation des commissariats".
"Cette politique conduit à vider les commissariats qui ne sont plus à même de remplir leurs missions. Il n'est pas étonnant que la sécurité des Français se dégrade au quotidien", déclare dans un communiqué Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national chargé de la sécurité.
"ILS FONT DES COUPS"
Pour le responsable socialiste, cette réalité "confirme aussi que les discours va-t-en guerre de N. Sarkozy et de ses ministres ne sont qu'une agitation stérile et une vaine tentative de masquer leurs échecs par de la surenchère verbale".
Pour le dirigeant d'Europe Ecologie Daniel Cohn-Bendit, "le président de la République et son ministre de l'Intérieur font n'importe quoi. Ils font des coups, ils essayent de frapper l'opinion publique".
Décrivant un gouvernement qui agite "une baguette magique qui ne fonctionne pas", il n'a pas épargné sur France 2 le PS, qu'il juge silencieux par rapport aux dernières initiatives de la majorité.
Après plusieurs années de baisse, la délinquance avait repris sa hausse en 2008, selon les chiffres utilisés par le gouvernement.
Brice Hortefeux, qui a succédé à Michèle Alliot-Marie au ministère de l'Intérieur, s'était vanté d'avoir redressé la barre en présentant au début de l'année un bilan 2009 faisant état d'une petite baisse globale de 1,04%.
Ce chiffre a été contesté par des spécialistes, évoquant un tour de passe-passe statistique pour les trois derniers mois de l'année.
Le point noir restait surtout l'augmentation (+ 2,76%) des violences aux personnes, que l'opposition de gauche considère comme le véritable baromètre de la délinquance vécue au quotidien par les Français.
Le PS parlant "d'échec", Brice Hortefeux a répliqué mardi que les violences aux personnes avaient reculé de 0,67% dans les six derniers mois.
Pour pallier la baisse des effectifs des forces de l'ordre, le gouvernement mise sur le développement de la vidéosurveillance. Brice Hortefeux veut ainsi tripler le nombre de caméras pour les porter à 60.000 en 2011.
Gérard Bon, avec Olivier Guillemain, édité par Yves Clarisse