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Police-Justice

Hérault: un septuagénaire jugé pour avoir blessé deux cambrioleuses roms

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René Galinier, 77 ans, avait grièvement blessé chez lui en 2010 deux jeunes cambrioleuses roms de 11 et 20 ans. Il comparaît dès ce mercredi devant les assises de l'Hérault.

C'est un procès pour tentative d'homicide volontaire qui s'ouvre ce mercredi à Montpellier, devant les assises de l'Hérault, pour trois jours. René Galinier, 73 ans au moment des faits, en 2010, reconnaît avoir tiré deux coups de fusil sur deux jeunes filles roms qui s'étaient introduites dans son pavillon, les blessant grièvement. Il encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.

Le 5 août 2010, à Nissan-lez-Ensérune, village du sud de la France, René Galinier fait une sieste, quand soudain, des bruits le réveillent. Il est un peu plus de 17 heures. Réalisant qu'il est victime d'un cambriolage, il prévient les pompiers, et arme son fusil. Il tire alors sur deux jeunes filles, l'une de 20 ans, la seconde de 11 ans, en train de fouiller les commodes dans deux chambres de sa maison. Elles s'écroulent. René Galinier rappelle les pompiers.

"C'est le dossier de la légitime peur"

Depuis, cet ancien chauffeur de bus se défend d'avoir voulu tuer ce jour-là, et explique son geste par la panique. Il assure qu'il ne savait pas s'il était en présence d'hommes ou de femmes, même s'il parle bien de femmes aux pompiers qu'il appelle à deux reprises, et jure avoir fait des sommations en criant "Haut les mains" avant de tirer.

Pour l'accusation, l'intention d'homicide de René Galinier découle notamment de sa connaissance des armes et de ses tirs peu de temps après avoir alerté les secours, alors qu'il aurait pu quitter les lieux. En outre, la légitime défense, initialement soulevée par la défense, a été écartée car aucun élément n'a démontré une attitude agressive des cambrioleuses. "C'est le dossier de la légitime peur. Cet homme, qui regrette ce qu'il a fait, a été débordé", plaide l'un de ses avocats, Me Gilbert Collard, député du Gard d'extrême droite.

Canon de l'arme dans la bouche

Niant "l'état de panique", Me Silvio Rossi-Arnaud, défenseur de la plus jeune victime qui aura des séquelles à vie, estime au contraire que René Galinier s'est comporté "en chasseur". "Il les a laissées rentrer et leur a tiré dessus à bout portant", souligne-t-il. Les jeunes filles, deux cousines, ont avoué voler par nécessité de se nourrir, selon l'aînée. Sur les faits, leurs versions ne discordent pas. A une exception: la plus âgée certifie qu'on lui a asséné un coup de crosse sur la tête et mis le canon de l'arme dans la bouche.

L'incarcération de René Galinier avait suscité de nombreuses réactions politiques, au FN et à l'UMP, son secrétaire général de l'époque Xavier Bertrand se déclarant "choqué". Le septuagénaire avait recouvré la liberté sous contrôle judiciaire le 13 octobre 2010. Au terme de l'instruction, la reconnaissance d'un crime lié à l'appartenance ethnique des victimes n'avait pas été retenue par le magistrat instructeur, même s'il constatait que René Galinier avait tenu lors de ses auditions des propos à connotation raciste. Me Collard nie l'idée d'une quelconque haine raciale. "Elles auraient été belges, c'est la même chose. Mettre en avant que ce sont des Roms, c'est faire du racisme par anticipation. La peur n'a pas d'état-civil."

A. G. avec AFP