Harcèlement moral: un directeur de supermarché condamné

Le magasin Intermarché de Cestas, en Gironde. - -
Quand Didier V. a été nommé en juillet 2007 à la tête de leur magasin, les employés de l'Intermarché de Cestas, en Gironde, ont été avisés de l'arrivée d'un "pitbull venu faire du nettoyage". L'homme n'a pas failli à sa réputation, relate mercredi Sud Ouest. Ses méthodes de management lui ont valu une condamnation, mardi, à 10 mois de prison avec sursis pour "harcèlement moral".
L'homme avait pris son poste dans un contexte difficile. Son prédécesseur avait été licencié pour faute lourde après avoir détourné des fonds, et il avait pour objectif de relever le chiffre d'affaires.
"Bougez-vous le cul, espèce de dinde"
Mais sitôt arrivé, il ne s'est pas embarrassé des convenances. "Bougez-vous le cul, espèce de dinde!" "Où il est, l'autre grand con?" Pendant quatre ans, plusieurs employés ont subi de leur chef ce type de langage, ainsi que des brimades et autres pressions.
Un comportement calculé. "Il ciblait celles et ceux qu'il ne voulait plus et les poussait à bout", a expliqué une ancienne salariée, citée par Sud Ouest, à l'audience devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Et sans pudeur. L'homme est allé jusqu'à faire avaler, devant des clients, un pruneau pourri à un nouvel arrivé au rayon fruits et légumes. Poussés à bout, certains salariés ont fini par tomber en arrêt maladie ou par démissionner.
Traitements différenciés
Une situation d'autant plus difficile pour eux que l'homme savait se rendre agréable avec ceux dont il ressentait l'utilité. "Tout le monde n'a pas eu à souffrir de ces agissements. Il y a même eu un mouvement social en sa faveur", a remarqué le président du tribunal.
C'est son manque de résultats qui a finalement provoqué son licenciement en 2011, et mis fin au calvaire du personnel. Six employés, trois hommes et trois femmes, se sont alors portés parties civiles. Si le tribunal a ordonné leur indemnisation mardi, ils n'ont néanmoins pas pu se confronter à leur ancien patron - l'homme, qui travaille aujourd'hui à La Réunion, ne s'est pas déplacé à l'audience.