Fillette tuée dans le Finistère: le suspect a indiqué ne pas avoir visé "précisément" l'enfant

Les conditions dans lesquelles la fillette britannique de 11 ans a été tuée et ses parents blessés samedi soit à Plonévez-du-Faou (Finistère) se précisent, alors que le principal suspect a été mis en examen et placé en détention provisoire pour "assassinat". Son épouse, elle, a été placée sous le statut de témoin assisté.
Le procureur de la République de Brest Camille Miansoni, invité de BFMTV, a fait savoir que l'homme de 71 ans, un Néerlandais installé dans la commune depuis 2015, avait reconnu être "le seul auteur des coups de feu" tirés samedi soir vers 21h40.
Le suspect et son épouse positifs à l'alcool et au cannabis
En garde à vue, il a fait part de son "exaspération liée aux nuisances et aux travaux intempestifs" réalisés par cette famille britannique installée à côté de chez eux depuis 2019, "qui auraient perturbé la tranquillité de sa vie et celle de sa femme depuis plusieurs années".
Selon le procureur, ce conflit est lié au fait que lui et sa femme étaient "à l'abri avant les travaux d'élagage" de ce nouveau voisin arrivé en 2019. "Or désormais ils se retrouvaient à découvert sur leur terrasse". "Ses explications sont beaucoup moins explicites quand il s'agit d'évoquer le décès de cet enfant", ajoute le procureur de la République.
Selon lui, "il n'aurait pas visé précisément l'enfant. Mais de fait, l'enquête a révélé que les enfants jouaient à proximité dans la cour de la propriété".
À notre micro, le procureur a aussi indiqué que le suspect et son épouse avaient été testés positifs à l'alcool et au cannabis après leur interpellation, en précisant ne pas savoir si "cette consommation était antérieure ou postérieure aux faits".
"Les éléments recueillis auprès du voisinage et les déclarations du mis en examen tendent à indiquer qu'il y a un conflit de voisinage. Un conflit ancien, qui dure depuis que cette famille anglaise s'est installée dans cette commune", a-t-il encore répété.
Selon le procureur Camille Miansoni, une médiation avait été engagée par la mairie en 2019 après un premier signalement, dont la gendarmerie avait été avisée. Aucune plainte n'avait toutefois été déposée.
Deux armes achetées en France et possédées illégalement
Samedi dernier, c'est un nouvel épisode de travaux vers 17 heures qui aurait "créé le débordement que nous connaissons", indique le procureur. Aux alentours de 21h40 dans la soirée, le Néerlandais de 71 ans est sorti de chez lui armé d'une carabine, s'est approché à environ 10 mètres des victimes, et a tiré à trois ou quatre reprises en direction du couple de Britanniques et des enfants qui jouaient à proximité.
La fille du couple a été touchée, et une autre fillette qui jouait avec elle a réussi à s'échapper, pressée par sa mère de s'enfuir. "Cette fillette de 8 ans est extrêmement choquée, elle est hospitalisée en pédiatrie", a indiqué le procureur. "Elle n'a pas été victime physiquement mais tout le monde comprend qu'elle a assisté à ce qui s'est passé.
Le tireur présumé était en possession de deux armes achetées en France et détenues "depuis très longtemps de manière totalement illégale": une carabine 22 long-rifle (de catégorie B soumise à autorisation) avec laquelle il a tiré sur ses voisins, et une autre trouvée chez lui (soumise à déclaration).
Ni l'une ni l'autre n'avaient été déclarées ou soumise à autorisation, mais le suspect n'en avait jusqu'alors pas fait usage "à la connaissance" du procureur de la République. À ce stade, aucun élément ne permet d'ailleurs d'affirmer qu'il avait déjà fait preuve d'une quelconque violence. Son interpellation et celle de sa femme se sont d'ailleurs déroulés dans le calme, alors qu'il était reclus dans son domicile.
Son épouse, elle, a été placée sous le statut de témoin assisté car elle est soupçonnée d'avoir déplacé l'arme du crime, et donc soupçonnée d'avoir voulu la dissimuler. Elle n'a toutefois pas été mise en examen à ce stade de l'enquête.