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Police-Justice

Femme séquestrée à Forbach: ces éléments qui intriguent les enquêteurs

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Une Allemande de 53 ans a été découverte par la police amaigrie et le crâne rasé, alitée dans un appartement de Forbach lundi, après avoir appelé à l'aide les services de police allemands par téléphone. Lors d'une conférence de presse, le procureur de la République de Sarreguemines a nuancé plusieurs éléments du dossier, tandis que l'enquête se poursuit.

Des nuances et de la prudence. Lundi, en fin de journée, Olivier Glady, procureur de la République de Sarreguemines, a longuement pris la parole et évoqué l'enquête en cours après la découverte plus tôt dans la journée d'une Allemande de 53 ans se disant séquestrée et torturée depuis 2011 par son mari à Forbach, en Moselle.

"Le scénario au moment où je vous parle semble permettre a priori d'éloigner le spectre de Barbe Bleue en Moselle Est", a-t-il assuré.

Pour leur part, les enquêteurs s'interrogent sur plusieurs points de ce dossier.

• L'état de santé de la femme en question

Selon le procureur, un scanner passé par l'Allemande de 53 ans à l'hôpital Mercy de Metz n'a révélé ni fractures antérieures ni ecchymoses, contrairement à ce qu'elle avait laissé entendre dans un premier temps. Ses analyses biologiques n'ont pas permis de révéler une potentielle déshydratation. Toutefois, la femme a bien été retrouvée amaigrie et le crâne rasé.

Lors de sa garde à vue, le mari a indiqué aux enquêteurs que sa compagne souffrait d'un cancer. Des analyses en cours doivent déterminer la nature de celui-ci, mais également déterminer si la pathologie est soignée convenablement.

Les enquêteurs se sont rapprochés de l'Assurance maladie afin de déterminer si l'épouse était suivie médicalement. Elle doit être examinée prochainement par un médecin légiste.

• Pas de banc de torture ni d'entrave

Le procureur s'est aussi attardé sur l'environnement dans lequel vivait le couple. Il a ainsi démenti la présence d'un banc de torture, évoqué par une source policière, de même que l'existence d'un "carnet" dans lequel l'homme, actuellement sans emploi après avoir travaillé dans l'industrie en Allemagne, aurait "noté ses faits".

La femme avait été retrouvée dans une chambre grillagée de l'appartement du couple dans le centre de Forbach. Mais selon le procureur, le grillage servait manifestement "à empêcher" la dizaine de chats qui vivaient dans l'appartement de s'échapper.

Autre élément à prendre en compte: la femme a été retrouvée sans entrave, alitée à demi-nue sur son lit, à proximité d'un téléphone fixe qu'elle pouvait atteindre. C'est avec ce téléphone qu'elle a pu contacter "une association allemande de protection de victimes qui a appelé la police à Wiesbaden", qui a ensuite contacté les autorités françaises.

Par ailleurs, "aucune trace de sang conséquente n'a été découverte dans l'environnement immédiat" de cette femme, "qui pourrait témoigner de violences susceptibles de lui avoir été infligées", selon les premiers éléments de l'enquête.

• Les déclarations du voisinage

Autre élément qui vient troubler les enquêteurs: les récits des voisins. Une voisine, rencontrée par BFMTV, a assuré entendre fréquemment des cris venant de l'appartement du couple allemand. Son propriétaire lui aurait alors confirmé que la femme souffrait d'un cancer.

"Parfois, j'entendais des cris mais on pensait que c'était des cris de douleur" liés au cancer, a-t-elle expliqué. Selon elle, les cris n'étaient pas très réguliers, "je l'ai entendue cinq/six fois en trois mois".

L'homme était lui "très poli, gentil", mais les relations de voisinage s'arrêtaient a "Bonjour, au revoir", a-t-elle encore indiqué.

Ce dernier, âgé de 55 ans, a été interpellé lundi à 6 heures du matin par la police et placé en garde à vue pour des faits de séquestration, viol aggravé et actes de torture et de barbarie, mesure qui a été prolongée en fin d'après-midi pour 24 heures, a conclu le procureur de la République. L'enquête a été ouverte pour ces mêmes faits, a-t-il précisé.

Maxime Brandstaetter avec Hugo Septier