DOCUMENT BFMTV. "Je respire à moitié": découvrez les échanges entre le Samu et Esteban, mort après avoir appelé plusieurs fois les secours

"J'ai l'impression que je respire à moitié". BFMTV a pu se procurer la retranscription des échanges téléphoniques entre Esteban Vermeersch, sa mère et le Samu avant la mort du jeune homme de 24 ans d'une crise cardiaque.
Au cours de ces échanges, aucun secours n'a été envoyé au jeune homme qui a pourtant plusieurs fois fait part de ses difficultés respiratoires. L'avocat de la famille a, de son côté, annoncé auprès de BFMTV vouloir déposer plainte pour homicide involontaire.
28 janvier, 22h32: "je respire à moitié"
Tout commence le 28 janvier 2025. À 22h32, la mère d'Esteban, Dorothée, appelle pour la première fois le Samu: "j'ai mon fils de 24 ans qui a des douleurs à la poitrine et en haut du dos côté gauche". Les secours demandent à parler à Esteban qui indique rapidement ne pas pouvoir se lever du lit. "Vous êtes gêné pour respirer?", demande le Samu.
"J'ai l'impression que je respire à moitié! Comme si les poumons, je ne les remplis pas", décrit le jeune homme, semblant mal en point au téléphone.
Au fil de la discussion, Esteban assure qu'aucun membre de sa famille ne présente de problème cardiaque, précisant toutefois aux secours qu'il prend de la ventoline à cause de son asthme. "J'ai aussi entendu des craquements vers le bas du dos ou devant et puis j'ai eu mal", ajoute-t-il.
28 janvier, 22h36: "ça fait mal dès que j'essaye de me lever"
À la fin de ce premier appel, plusieurs informations sont données au Samu, notamment son adresse et son poids qui était de 53kg. Après quelques minutes, l'appel est finalement transféré vers un médecin du Samu.
Esteban affirme une seconde fois ses douleurs, à la poitrine et au dos. "Ça pique", explique-t-il auprès du spécialiste, qui lui demande par la suite si la douleur augmente quand il prend une grande inspiration.
"Ça augmente! Je suis un peu entre les deux, je ne remplis pas mes poumons à fond et je les vide pas non plus (...) ça fait mal dès que j'essaye de me lever", s'inquiète Esteban.
De son côté le médecin "pense que c'est une douleur musculaire qui augmente" quand Esteban "respire profondément (...) ça fait très douleur musculaire!". "Ça ne m'inquiète pas du tout en tout cas!", précise-t-il.
29 janvier, 14h43: "il est extrêmement somnolent"
29 janvier, 14h43. Le lendemain du premier appel, la mère d'Esteban contacte une deuxième fois le SAMU. Un échange entre deux praticiens s'effectue avant d'avoir la mère au téléphone.
"Il présente une douleur thoracique à gauche irradiant dans le dos et l'épaule (...) Il est extrêmement somnolent, très pâle et il y a 15 minutes, il a fait un malaise avec une chute sans perte de connaissance", décrit un praticien qui a eu la mère d'Esteban au téléphone quelques secondes avant.
Un traumatisme crânien est même avancé par la praticienne. "Vomissements marron depuis hier", précise-t-elle à son confrère.
29 janvier, 14h50: "j'ai plus de force pour me lever"
Quelques minutes plus tard, à 14h50, la mère puis Esteban entrent enfin en contact avec un médecin. "Vous avez une douleur à la poitrine depuis hier?", demande ce dernier. "Oui'", confirme une énième fois Esteban.
"C'est la première fois que vous ressentez une douleur comme ça?", questionne le médecin au jeune homme. La réponse est toujours la même: "oui (...) ça pince (...) ça fait mal", explique le jeune homme.
Esteban précise qu'il a vomi "une quinzaine de fois". "J'ai l'impression que je peux pas respirer", répète le jeune l'homme.
"J'ai plus de force pour me lever", ajoute-t-il. "Ça n'a pas l'air d'être quelque chose de cardiaque, ça évoque plutôt quelque chose de musculaire", estime là encore ce médecin, invitant toutefois Esteban et sa mère à se rendre dans un centre d'urgences proche de chez lui.
"On vous laisse l'emmener aux urgences de Mamers pour qu'il puisse être examiné", propose finalement le spécialiste, avant de conclure l'appel.
Contacté par BFMTV, le centre hospitalier du Mans déclare avoir pris acte de la volonté de la famille de porter plainte et assure "ne pas être resté sans réponse aux sollicitations" des proches d'Esteban.