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"Faire du bruit" pour "interpeller Macron": pourquoi il a tiré un mortier d'artifice sur l'hélico du président

Photo d'illustration - Emmanuel Macron dans un hélicoptère pour aller visiter le porte-avions Charles de Gaulle en Égypte, le 19 décembre 2022.

Photo d'illustration - Emmanuel Macron dans un hélicoptère pour aller visiter le porte-avions Charles de Gaulle en Égypte, le 19 décembre 2022. - Ludovic MARIN / POOL / AFP

Le 27 avril, alors que le président de la République, Emmanuel Macron, était en visite dans le Doubs, un homme de 23 ans a visé l'hélicoptère du chef de l'État, pensant qu'il était dedans, avec un mortier d'artifice. Il a été mis en examen.

Le but, c'était de lui "faire renverser son café et de lui filer les pétoches". Voilà la justification qu'a donné Martin* pour avoir tiré un mortier en direction de l'hélicoptère d'Emmanuel Macron, le 27 avril dernier dans le Doubs.

Si le président n'est finalement jamais monté dans l'engin, le jeune homme de 23 ans a été mis en examen le 16 juin, pour "tentative de dégradation ou détérioration d'un bien par un moyen dangereux pour les personnes commise à raison de la qualité de personne dépositaire de l'autorité publique de son utilisateur". Il a été entendu par un juge d'instruction, ce vendredi matin, selon les informations de BFMTV.com.

Le 27 avril, Emmanuel Macron se rend dans le Doubs pour rendre hommage à Toussaint Louverture, figure de la lutte contre l’esclavagisme, détenu juqu'à la fin de sa vie au Fort de Château-de-Joux. Nous sommes en pleine période de contestation contre la réforme des retraites et le chef de l'État est accueilli au son des casseroles par des opposants venus exprimer leur désaccord.

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"Faire du bruit"

Une opposition partagée par Martin qui a répété, devant le juge d'instruction comme lors de sa garde à vue, avoir voulu interpeller Emmanuel Macron, mais certainement pas le blesser, ni détruire l’hélicoptère qui le transportait. "Son but, ce n'était pas de dégrader l'hélicoptère, mais d'attirer l'attention du président de la République, de se faire entendre, comme certains le font avec les casseroles", explique son avocat Me Pierre-Henri Baert à BFMTV.

D'ailleurs, le jeune homme avait d'abord songé à tirer son feu d'artifice au-dessus du Fort de Château-de-Joux au moment du discours d'Emmanuel Macron. Mais face à la forte présence policière, il a renoncé.

Car le jeune homme, intérimaire, n'est ni violent, ni radicalisé, comme l'avaient affirmé certains médias, poursuit son avocat. "Il a participé aux manifestations contre la réforme des retraites, mais il n'a pas d'engagement politique et militant concret", selon Me Pierre-Henri Baert, et ce n'est pas "quelqu'un de désociabilisé".

"C'est quelqu'un qui a mal vécu la réforme des retraites et les différents 49.3, il a le sentiment que le peuple n'est pas entendu", ajoute l'avocat.

Un mortier de petite catégorie

Martin voulait-il "faire du bruit", comme il l'affirme, ou visait-il expressément l'hélicoptère? "L'enjeu, c'est de savoir si les mortiers utilisés pouvaient dégrader l'appareil. C'est loin d'être évident", estime l'avocat du jeune homme. Car le mortier utilisé est une fusée d'artifice "de marque Shell Rocket", selon nos confrères du Parisien. Il s'agit d'un mortier de catégorie F2, à danger et nuisance sonore faible. Selon le pilote du Super Puma, le tir aurait néanmoins pu provoquer au moins "l’éclatement des carreaux", si ce n’est plus, en cas d’impact, ajoute Le Parisien.

Ce vendredi, devant le juge d'instruction, Martin a une nouvelle fois expliqué avoir simplement voulu "faire du bruit" pour "interpeller Emmanuel Macron". Une expertise psychiatrique doit être diligentée dans les prochaines semaines. Le jeune homme, sous contrôle judiciaire, a interdiction de manifester, ainsi que de sortir de son département et doit désormais pointer chaque semaine au commissariat.

*Le prénom a été changé.

Manon Aublanc