Des pharmacies soupçonnées de frauder le fisc

Des syndicats pharmaceutiques se sont élevés samedi contre la mise en cause de leur profession dans une affaire de fraude informatique qui pourrait concerner 4.000 officines en France. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard - -
MARSEILLE (Reuters) - Des syndicats pharmaceutiques se sont élevés samedi contre la mise en cause de leur profession dans une affaire de fraude informatique qui pourrait concerner 4.000 officines en France.
L'enquête menée depuis 2008 à partir du département du Gard a ainsi mis en évidence l'existence d'un "logiciel permissif" permettant la minoration des marges réalisées sur la vente des produits de la parapharmacie.
"Il y a 22.000 officines en France, on ne me fera pas croire que 25% sont des fraudeurs. On nous calomnie", a affirmé à Reuters le président de la Fédération méditerranéenne des syndicats pharmaceutiques, Frédéric Abécassis.
"C'est comme si l'on on arrêtait un chauffard à 180 km/h et que l'on décrétait que tous les propriétaires d'un véhicule de même type sont tous des chauffards", a-t-il ajouté.
Le responsable syndical a estimé que l'administration fiscale s'était livrée à une "curieuse extrapolation" qui ne repose sur aucun fondement.
"A ma connaissance, il n'y a pas eu 4.000 pharmaciens entendus ou contrôlés", a-t-il dit.
Confirmant une information du quotidien Midi Libre, le parquet de Nîmes a indiqué que 4.000 pharmacies étaient dotées du logiciel incriminé et de son code d'accès fournis essentiellement par une société basée à Niort (Deux-Sèvres).
De source judiciaire, on précise toutefois que le nombre réel de pharmacies qui auraient utilisé le logiciel pour frauder le fisc n'est pas connu.
Les gendarmes ont découvert l'existence du logiciel permettant de minorer automatiquement les recettes après un contrôle fiscal en 2008 pour des soupçons de fraude à l'ordonnance dans une pharmacie de Remoulins, dans le Gard.
"En tant que responsable de la profession, j'avais été informé de l'affaire du Gard qui pouvait avoir des répercussions nationales", a reconnu Frédéric Abécassis. "Mais, à ma connaissance, il n'y a eu que deux autres contrôles fiscaux dans des pharmacies utilisatrices du même logiciel".
Le président de la Fédération méditerranéenne des syndicats pharmaceutiques, qui regroupe environ 2.000 officines, s'étonne dès lors d'un "déferlement médiatique" qu'il juge suspect.
"On nous sort cette vieille affaire au bon moment. Elle survient bien pour nous gêner et entraver les négociations en cours. Sans vouloir accuser personne, il y a des coïncidences pour le moins étranges", a-t-il encore déclaré.
Après une interruption liée au changement de gouvernement, les discussions sur la renégociation des marges ont repris entre les syndicats de pharmaciens et le ministère de la Santé.
Jean-François Rosnoblet, édité par Gérard Bon