Défense: ce que les futurs drones armés vont changer

Le drone de combat Reaper de l'armée de l'air américaine - Isaac Brekken-AFP
La France a annoncé mardi qu'elle allait se doter de drones armés à l'horizon 2019. "J'ai décidé d'engager le processus d'armement de nos drones de renseignement et de surveillance", a déclaré la ministre des Armées, Florence Parly. Un rapport du Sénat préconisait déjà au mois de mai dernier que la France se dote de tels équipements.
"Une capacité clé du combat de demain"
L'armée française possède actuellement six Reaper: cinq basés à Niamey, au Niger, pour les opérations de surveillance des jihadistes au Sahel, et un à Cognac. Ces six drones pourraient être également armés à l'horizon 2020. Au Niger, "ils désignent les cibles à nos avions de chasse", a indiqué aux Échos le chef d'état-major de l'armée de l'air.
Les six drones de surveillance de fabrication américaine Reaper que l'armée française recevra en 2019 devraient ainsi être équipés d'un armement, en attendant la mise en service d'un drone Male européen conçu avec l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne à l'horizon 2025.
"Il s'agit d'une capacité clé du combat de demain, comme l'ont été, à leur époque, le blindé ou l'avion. La France ne saurait passer à côté sous peine de se voir déclassée", a insisté Florence Parly.
Discrétion et autonomie
Sur le terrain, ces drones sont vantés pour leurs qualités: discrétion, ils sont quasiment indétectables à l'œil nu, et grande autonomie, jusqu'à 24 heures de vol, contrairement à un avion piloté par un être humain, avec une durée de vol limitée.
Par ailleurs, si une cible est repérée, ils pourront être engagés beaucoup plus rapidement qu'un avion pour la "neutraliser". Un point de vue que partage Frédéric Coste, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique.
"L'avantage d'un drone, c'est la rapidité d'intervention. Il lui faut quelques secondes seulement pour atteindre une cible. Un avion de chasse, c'est de l'ordre d'une dizaine de minutes", a-t-il précisé sur Franceinfo.
Les armées françaises gagneront ainsi en "efficacité" et "limiteront le risque de dégâts collatéraux", a relevé la ministre.
Pas des "robots tueurs"
Anticipant "les craintes" que ces armes pilotées à distance suscitent, Florence Parly a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas de "robots tueurs" et qu'ils seraient utilisés avec les mêmes règles d'engagement que les armes actuelles. Selon leurs détracteurs, les drones armés "déshumanisent" la guerre, avec des pilotes qui agissent à distance et des "assassinats ciblés" contestables d'un point de vue éthique et juridique.
"Qu'il s'agisse d'un canon Caesar, d'un missile de croisière, d'un Rafale, si l'opérateur est physiquement éloigné de l'objectif, l'homme n'en est pas moins au cœur de l'engagement du feu. Il en ira de même pour les drones."