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Police-Justice

Début du procès d'un "repenti" du gang corse de la Brise de Mer aux assises d'Aix-en-Provence

Des enquêteurs le 23 avril 2008 à l'entrée d'une concession automobile de Porto-Vecchio, où a été assasiné Richard Casanova

Des enquêteurs le 23 avril 2008 à l'entrée d'une concession automobile de Porto-Vecchio, où a été assasiné Richard Casanova - Stephan Agostini - AFP

Dix ans après le meurtre de Richard Casanova "connu comme une figure du banditisme corse et continental", selon les enquêteurs, le procès de Claude Chossat rouvre le dossier du gang corse de la Brise de Mer et de ses haines fratricides.

Avec le procès de Claude Chossat, c'est une plongée au cœur du gang corse de la Brise de Mer et de ses haines fratricides qui est attendue à partir de ce lundi et pour deux semaines aux assises des Bouches-du-Rhône. L'ex-homme de main de Francis Mariani, qui se dit désormais "repenti", est accusé d'assassinat en bande organisée et d'association de malfaiteurs.

Le meurtre de Richard Casanova

Le 23 avril 2008, sur le parking d'une concession automobile Volkswagen de Porto-Vecchio (Corse du Sud), Richard Casanova, alias "Charles" ou "le menteur", est abattu de plusieurs cartouches de calibre 223 par un tireur embusqué.

"Connu comme une figure du banditisme corse et continental, considéré comme faisant partie des 'intouchables' en tant que membre de la Brise de Mer", Richard Casanova serait même l'un des membres fondateurs de ce gang né en Haute-Corse dans les années 70, selon les enquêteurs.

Partenaires au sein de la Brise de Mer, Richard Casanova et Francis Mariani étaient les dirigeants occultes des cercles de jeu parisiens Wagram et Eldo, selon Claude Chossat: des activités qui leur assuraient à chacun des revenus de l'ordre de 30.000 à 40.000 euros par mois.

A l'époque, les enquêteurs rapprochent cet homicide de trois autres règlements de comptes et surtout font le lien avec des informations selon lesquelles Francis Mariani aurait récemment échappé à deux tentatives d'assassinat.

Claude Chossat arrêté en 2009

Claude Chossat est arrêté en Suisse en septembre 2009. Il est l'ancien chauffeur et homme à tout faire de Francis Mariani. Interrogé, il passe à table et reconnaît sa participation à l'opération ayant mené à la mort de Richard Casanova, mais assure que le tireur est son ancien patron.

Problème: Francis Mariani n'est plus là pour être interrogé. Il a été tué dans l'explosion du hangar où il se trouvait, en janvier 2009, en pleine cavale. Mais au moins un témoin affirme par la suite aux enquêteurs qu'il avait bien reconnu ce meurtre.

D'après Claude Chossat, Richard Casanova n'était pas la cible initiale. En espionnant le gérant de la concession Volkswagen de Porto-Vecchio, Francis Mariani voulait seulement entrer en contact avec Jean-Luc Germani, le frère de la femme de Richard Casanova - interpellé en 2014 - qu'il soupçonnait dans les tentatives d'assassinat le visant. Francis Mariani aurait finalement abattu Richard Casanova sur un coup de tête.

Toujours selon Claude Chossat, un troisième homme était présent ce jour-là, avec lui et Francis Mariani. Un certain "Franck", ancien militaire. Mais ce "Franck" n'a jamais été identifié, même si Claude Chossat l'a reconnu formellement en 2012 sur deux photos envoyées anonymement au juge d'instruction. Photos qui s'avéreront être celles de Clemens Schick, acteur ayant joué un rôle de garde du corps dans Casino Royale, le James Bond de 2006.

"Repenti" officieux

Dans une interview en 2017 à BFMTV, Claude Chossat expliquait avoir intégré le gang corse en détention puis en sortant de prison. Il assurait n'avoir jamais tué pour la Brise de Mer, et avoir quitté le gang en décembre 2008, peu avant la mort de Francis Mariani.

"Repenti" officieux, car ce programme de protection "ne couvre pas les peines criminelles", comme il l'avait lui-même expliqué à l'AFP en 2018, Claude Chossat comparaîtra libre devant la cour d'Assises d'Aix-en-Provence lundi, jusqu'au 8 novembre. 

"Mais des mesures de sécurité nous ont été garanties", a expliqué à l'AFP Me Edouard Martial, l'avocat de Chossat: "Nous aurons chaque jour une escorte pour nous amener et nous raccompagner au restaurant et à notre lieu d'hébergement".

"Mon client se sent cerné, mais il fait tout pour vivre normalement et travailler", a insisté l'avocat, en dénonçant dans ce dossier "l'acharnement d'une partie civile qui ne veut rien lâcher, une famille Casanova qui tout à coup devient le chevalier blanc de la lutte contre le crime".

"Le retour en prison, pour moi, c'est la mort"

"Le retour en prison, pour moi, c'est la mort", avait déclaré Claude Chossat en 2018 devant la cour d'appel de Bastia, où il était jugé notamment pour escroquerie.

Avec lui, un second accusé sera dans le box lundi à Aix-en-Provence: David Taddei, 45 ans. C'est lui qui aurait fourni tout un lot d'armes à Francis Mariani, dont un fusil M16 de calibre 223. Une accusation qu'il nie.

S. V. avec AFP