Creuse: les parents de Gabin, mort de faim à 22 mois, jugé aux assises

Statue de la déesse de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP
Les parents de Gabin, mort en 2013 à l'âge de 22 mois, accusés d'avoir négligé leur enfant au point de le laisser "mourir de faim", sont jugés à partir de ce mardi devant la cour d'assises de la Creuse à Guéret. Édouard R., 39 ans, et Céline V., 33 ans, comparaissent libres jusqu'à vendredi pour "privation de soins ou d'aliments suivie de mort d'un mineur de 15 ans". Ils avaient reconnu a minima des manquements.
Admis aux urgences le 7 juin 2013, en état de "déshydratation extrême" et "de mort apparente", l'enfant n'avait pu être réanimé malgré 40 minutes de massage cardio-respiratoire. Gabin ne marchait plus et ne pesait que 5,8 kg, le poids d'un nourrisson de 3 mois.
Le médecin légiste chargé d'examiner le corps, avait décrit "la maigreur extrême de l'enfant" dont "on pouvait voir et compter les côtes", rapportait le 30 novembre 2018 la juge d'instruction dans son ordonnance. Le légiste a aussi été frappé aussi par son état de "saleté extrême", aux mains et au pubis notamment.
Le procès de "la négligence et de l'indifférence"
Gabin était "manifestement privé d'aliments, de manière chronique, puis de manière particulièrement prononcée" dans les dernières semaines de sa vie. Il semblait "complètement négligé" au détriment de son frère Melvin, "au point de mourir de faim", a asséné la juge.
Pour Me Yves Crespin, avocat de l'association L'Enfant bleu, seule partie civile, cette affaire est un symbole "de la négligence et de l'indifférence".
A l'époque, les parents - le père ouvrier en arrêt-maladie et la mère sans emploi - avaient confié traverser des difficultés de couple et d'argent. A leur domicile, les enquêteurs avaient découvert des literies "sales et défaites", le "réfrigérateur contenait des denrées périmées", a énuméré la juge d'instruction. Le lit de l'enfant empestait l'urine et son carnet de santé était dissimulé "sous les détritus" dans la cuisine, selon l'enquête.
Le médecin de famille pointé du doigt
Pour l'accusation, cette situation aurait dû alerter le médecin de famille, Jean-Louis V., qui avait ausculté l'enfant sept fois entre janvier 2012 et avril 2013, mais sans noter à deux reprises son poids et sa taille, ce qui relève d'"une abstention fautive" pour l'accusation.
"Le médecin est le premier à pouvoir mettre en place des dispositions pour sauver un enfant en péril. Gabin n'aurait pas dû mourir", estime Me Crespin.
Le praticien est convoqué à la barre comme témoin cette semaine. Il devra par ailleurs répondre de "non-assistance à personne en péril", des faits qui seront jugés en 2020 devant le tribunal correctionnel et qu'il conteste.