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Police-Justice

Côte d'Azur: la "Veuve noire" à nouveau devant la justice

Patricia Dagorn lors de son procès en première instance

Patricia Dagorn lors de son procès en première instance - VALERY HACHE / AFP

Condamnée en première instance à 22 ans de prison pour avoir empoisonné et escroqué plusieurs hommes âgés, Patricia Dagorn, 58 ans, surnommée la "Veuve noire de la Côte d'Azur", comparaît à partir de ce jeudi devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

Reconnue coupable en janvier 2018, Patricia Dagorn, surnommée "la Veuve noire de la Côte d'Azur", comparaît de nouveau devant la justice depuis ce jeudi. Condamnée en première instance à 22 ans de réclusion criminelle, elle avait pourtant nié toutes les charges qui pesaient contre elle. Patricia Dagorn est notamment accusée d'avoir assassiné deux hommes: un SDF avec lequel elle partageait des nuits d'hôtel et un maçon à la retraite. Mais elle est aussi soupçonnée d'avoir empoisonné deux octogénaires dans les années 2010 et 2011.

La quinquagénaire, née à Paris, s'installe sur la Côte d'Azur en 2010. Elle s'inscrit alors dans une agence matrimoniale afin de rencontrer des hommes plus âgés et pour la plupart, veufs. Elle se présente à eux en tant que femme d'affaires. À peine un an plus tard, deux de ses compagnons sont retrouvés morts.

En février 2011, le corps de Francesco Filippone, 85 ans, est retrouvé sans vie dans sa baignoire à Mouans-Sarthoux. Quelques semaines plus tôt, Patricia Dagorn prenait le soin d'encaisser un chèque de 21.000 euros, appartenant à la victime. Le 23 juillet, Michel Kneffel, un SDF de 65 ans avec qui elle vivait, est à son tour découvert mort dans un hôtel niçois.

Déjà condamnée en 2013

L'année suivante, le nom de Patricia Dagorn ressurgit en Haute-Savoie. Une plainte, déposée par un veuf de 87 ans en septembre 2012, relance l'enquête sur la mort des deux retraités niçois. Robert Mazereau, qui avait accepté d'héberger Patricia Dagorn en échange de faveurs sexuelles, l'accuse de l'avoir agressé et drogué. En 2013, elle est condamnée à 5 ans de prison. À sa sortie, elle est immédiatement placée en détention provisoire. Dans les affaires de celle qui sera rebaptisée "la Veuve noire", les enquêteurs trouvent plusieurs doses de Valium, un puissant tranquillisant, et de nombreux documents bancaires appartenant à une dizaine d'hommes différents.

Prises de panique, d'autres victimes présumées se constituent parties civiles. C'est le cas d'Ange Pisciotta, 82 ans et Robert Vaux, 91 ans. Le premier indique avoir retrouvé du Lexomil dans sa bûche de Noël. "Trente secondes après le café, j'étais dans les vapes", avait raconté l'octogénaire lors du premier procès.

"Perverse narcissique"

Robert Vaux, après avoir passé des analyses, s'était rendu compte qu'il avait des traces de benzodiazépines dans le sang, des molécules présentent notamment dans les anxiolytiques comme le Lexomil. Dans le même temps, Patricia Dagorn contactait un notaire pour devenir son héritière. Aux assises, il raconte avoir été drogué par Patricia Dagorn quelques semaines après leur rencontre et avoir été peu à peu dépouillé de son argent, sa compagne lui réclamant des fonds pour des opérations immobilières.

Fustigeant une personnalité "psychopathe" et "perverse narcissique", l'avocate générale avait requis en première instance 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de la "Veuve noire". Pour ces empoisonnements avec préméditation, par deux fois mortels, Patricia Dagorn encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès est prévu pour durer jusqu'au 15 janvier.

Valentine Arama avec AFP