BFMTV
Police-Justice

Centrales nucléaires: la "vigilance extrême" annoncée par EDF est-elle suffisante?

La centrale nucléaire de Cattenomn, en Moselle, sous la neige.

La centrale nucléaire de Cattenomn, en Moselle, sous la neige. - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

"Vigilance extrême" pour le personnel des centrales nucléaires, affirme le patron d'EDF. Si Jean-Bernard Lévy se veut rassurant sur la sécurité de ces sites sensibles, le secteur ne semble pourtant pas épargné par la dérive islamiste.

Le personnel des centrales est sous surveillance. Alors que l'état d’urgence a été prolongé de trois mois et que 1.500 militaires supplémentaires ont été déployés au lendemain des attentats de Paris, la sûreté des centrales nucléaires est plus que jamais un enjeu sensible pour EDF. Le producteur et fournisseur d'électricité se dit dans une situation de "vigilance extrême" sur la sécurité de toutes ses installations, soit 19 centrales nucléaires et 58 réacteurs.

"Nous faisons, en liaison avec les services de police et de gendarmerie, des enquêtes systématiques sur toutes les personnes qui rentrent dans les centrales nucléaires et, bien évidemment, s'il y a des obstacles à ce que les gens puissent rentrer, eh bien ils ne rentrent pas", a expliqué le PDG d'EDF ce mardi sur France 2. Jean-Bernard Lévy a par ailleurs précisé que le groupe était déjà "en alerte maximale" depuis les attentats qui ont frappé Paris en janvier dernier.

Des salariés interdits d'accès

Les règles d'accès aux sites nucléaires sont strictes. Le personnel des centrales ainsi que les prestataires, soit un total de 43.000 personnes l'année dernière, sont régulièrement soumis à une enquête administrative menée par les services préfectoraux, en lien avec la police et la gendarmerie. Quelque 100.000 enquêtes sont réalisées chaque année. Un examen renouvelé tous les ans pour les prestataires et tous les trois ans pour les salariés. Selon Le JDD, plusieurs dizaines de salariés de ces sites se sont ainsi vu retirer leur accès aux centrales depuis le début de l'année. Quant aux visiteurs extérieurs, ils doivent être munis d’une autorisation délivrée par la préfecture.

Un bémol tout de même dans ce dispositif de précaution. Car EDF n'a pas accès au fichier S de renseignement qui recense en France environ 20.000 personnes, dont plus de la moitié pour leur "appartenance ou leur lien avec la mouvance islamique", selon les derniers chiffres communiqués par le Premier ministre, Manuel Valls.

Un ingénieur surveillé

Et si EDF ou Areva disent échanger des informations avec les services de renseignement, le dispositif n'a pas empêché un salarié, pourtant surveillé, à continuer de travailler au sein de la centrale de Flamanville, a révélé l'hebdomadaire dominical.

L'homme, converti à la religion musulmane depuis plusieurs années et impliqué au sein de l'association qui gère la mosquée de Cherbourg, est un ingénieur qui aurait demandé à la direction un local pour prier. Contacté par La Manche libre, il a dit ne pas comprendre et avoir toujours dénoncé les attentats commis au nom de l'islam. Le dossier est pourtant jugé "sérieux" par la Direction générale de la sécurité intérieure.

C. H. A. avec AFP