Bobigny: un homme jugé pour des viols sous prétexte d'exorcisme

Le tribunal de grande instance de Bobigny, ici en août 2012. - -
Pour lui, il s'agissait d'un exorcisme "lié à des pratiques vaudou", selon une source proche du dossier. Des viols commis sur une adolescente de 14 ans, pour lesquels un homme de 28 ans comparaît à partir de mardi devant la cour d'assises de Bobigny.
De nationalité togolaise, mais installé en France depuis 14 ans, l'accusé est poursuivi pour "viols sur mineure", "agressions sexuelles" et "violences avec usage d'une arme". Incarcéré depuis février 2011, il encourt une peine de 20 ans de réclusion.
Les faits se sont produits dans la chambre d'un appartement situé à Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis. Celui de la tante de la jeune fille, dont l'homme était le concubin. L'adolescente y avait emménagé à la demande de sa mère, pour suivre des études dans un collège jugé plus strict, après un redoublement.
Oeuf, lame de rasoir et poudre noire
La mère de la jeune fille sera aussi présente dans le box des accusés. Cette femme de 41 ans est soupçonnée, par superstitution religieuse, d'avoir encouragé le viol de sa fille. Afin qu'il chasse des "sorciers entrés en elle", elle aurait rémunéré l'accusé et lui aurait même fourni des préservatifs.
Toutes les filles de cette quadragénaire étaient par ailleurs utilisées par le violeur présumé pour des cérémonies au cours desquelles celui-ci leur demandait de se dénuder et prétendait les "protéger", selon la source proche du dossier, en leur passant de l'oeuf et du parfum sur le corps et le sexe. A plusieurs reprises, il leur aurait également entaillé les mains et les pieds à l'aide d'une lame de rasoir, avant d'insérer dans les plaies une poudre noire considérée comme magique.
L'une de ces filles a été violée à plusieurs reprises. Ce sont ses soeurs qui ont alerté un oncle, et celui-ci qui a averti la police. L'accusé a été interpellé le 24 février 2011, moins d'une heure après un dernier viol sur sa victime.
"Un esprit moitié poisson, moitié femme"
Pour l'accusé, il s'agissait de "réussir" sa vie et de "chasser le mauvais esprit", indique la source proche du dossier. Lors d'un voyage au Togo en 2007, des marabouts lui auraient ainsi prédit la mort de sa mère. Pour éviter ce décès, deux solutions lui auraient été proposées: couper le bras d'un albinos, ou coucher avec une jeune femme mineure.
A la jeune femme, il disait qu'il "agissait pour son bien", pour "la libérer d'un esprit moitié poisson-moitié femme qui habitait en elle", indique la même source.
Des talismans et des produits destinés à la pratique vaudou ont été retrouvés chez lui par les policiers, rangés dans une valise. Parmi eux: des flacons et des bouteilles remplis d'un liquide brunâtre, des oeufs, du talc et des bougies.