Baby-Loup: le licenciement de la salariée voilée confirmé

La crèche Baby-Loup fermera le 31 décembre à Chanteloup-les-Vignes. Son déménagement à Conflans-Sainte-Honorine reste à confirmer. - -
La cour d'appel de Paris a confirmé mercredi le licenciement, pour "faute grave", d'une salariée voilée de la crèche privée Baby-Loup à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, estimant en substance que "l'association Baby Loup peut être qualifiée d'entreprise de conviction en mesure d'exiger la neutralité de ses employés".
A l'audience, le 17 octobre dernier, le procureur général François Falletti avait demandé à la cour de "résister" à la Cour de cassation, qui avait annulé le licenciement. "Cette décision de résistance marquera l'histoire de la laïcité", a réagi Me Richard Malka, un des avocats de la crèche.
"Pour nous, a-t-il poursuivi, cette victoire est d'abord celle d'une idée généreuse, singulière et universaliste, l'idée que ce qui nous rassemble doit être privilégié à l'exacerbation de nos différences, fussent-elles religieuses. C'est l'affirmation que si la religion est sacrée pour certains, elle n'est pas sacralisée par la République."
Pourvoi en cassation "très probable"
Néanmoins, il est "très probable" que Fatima Afif, la salariée voilée de la crèche Baby-Loup, décide de "faire un pourvoi" en Cassation de l'arrêt de la cour d'appel, selon son avocat, Me Michel Henry. Le conseil a fustigé "cette espèce de populisme qu'exprime" une partie de la haute magistrature, ce "courant de pensée qui se sent atteint dans ses racines par la montée du fait religieux".
"Quand on met en premier le résultat auquel on veut aboutir et qu'on remplit les blancs [...], on arrive à tordre le cou aux éléments de fait et de droit du dossier", selon Me Henry. "Ce qui est irritant, c'est que pour arriver à la décision", les magistrats de la cour d'appel "ont été obligés de tordre le cou au règlement intérieur, de lui faire dire autre chose que ce qu'il dit", s'indigne Me Henry.
En décembre 2008, Fatima Afif avait été licenciée parce qu'elle avait annoncé son intention de porter le voile à son retour de congé maternité, dans la crèche Baby-Loup, où elle travaillait depuis 1991, ce qu'avait refusé Natalia Baleato, la directrice de la crèche privée, en lui opposant la "neutralité philosophique, politique et confessionnelle" inscrite au règlement intérieur depuis 1990.