Attaque à Paris: l'assaillant se présentait comme un repenti à sa sortie de prison en 2020

Une stratégie de dissimulation? Les premiers éléments sur l'assaillant qui a tué un touriste allemand à Paris dessinent un profil complexe, entre conversion à l'islam, radicalisation et condamnation du terrorisme.
Selon les informations de BFMTV, Armand R. est né en France de parents iraniens chiites musulmans. Ces derniers se sont détachés totalement de la religion à leur arrivée en France et n'ont pas donné d'éducation religieuse à leurs enfants.
Mais Armand R. se convertit à l'islam sunnite en 2015 et se radicalise. Il a des velléités de partir en Syrie. En 2016, il est condamné à de la prison pour un projet d'action violente à La Défense, toujours selon les informations de BFMTV.
Un suivi "encourageant" après sa sortie de prison
À sa sortie de prison, en 2020, il fait l'objet d'un suivi jugé "encourageant" par les autorités compétentes. Selon une source proche de l'enquête, il condamne les actes islamistes. Le futur assaillant évoque même à cette époque une "haine de l'islam radical", selon le grand-reporter de L'Obs Matthieu Delahousse, invité de BFMTV ce dimanche.
Le 19 octobre 2020, trois jours après la mort de Samuel Paty, il s'est même présenté de lui-même à la police pour signaler avoir échangé sur les réseaux sociaux avec le terroriste, Abdoullakh Anzorov, deux semaines avant les faits, a appris BFMTV d'une source proche de l'enquête, confirmant les informations du Parisien.
Alors étudiant en première année de BTS gestion des transports et logistique en alternance, il a expliqué aux policiers être tombé sur le compte Twitter d’Anzorov "sur un extrait vidéo qu’il avait posté".
Il dit avoir ajouté en commentaire à cette vidéo: "ce tchétchène il est clair dans son idéologie". "Mes commentaires avaient pour but de prévenir les autres que ce compte était celui d’un individu radicalisé", justifie-t-il.
En 2020, il dit "ne plus croire en Dieu"
Ce 19 octobre 2020, il explique que l’assassin de Samuel Paty l’a recontacté par messagerie privée pour lui faire du "prosélytisme". "Je lui ai dit que ses rappels ne m’atteignaient pas", a-t-il ajouté devant les policiers, en précisant que le terroriste avait fini par le "bloquer" sur la plateforme.
Devant les policiers, Armand R. s'est également confié sur ce qu'il présentait alors comme un processus de déradicalisation. "Je me suis rendu compte que je ne croyais pas aux miracles du Coran ni de l’existence de Dieu", leur dit-il.
Il ajoute qu’en prison, il a été à l’isolement entre décembre 2018 et 2019 et qu'"être isolé des détenus prosélytes m’a fait réfléchir et c’est comme ça que je me suis éloigné de la religion".
"Je suis devenu anti islamistes radicaux ou non radicaux (...) J’ai la haine contre les islamistes qui appellent ouvertement ou non à la violence ", assure-t-il.
"Sa mère, également interrogée, explique que son fils "se sent '100% français'" depuis sa sortie de prison, rappelle Matthieu Delahousse sur notre plateau.
Une perquisition sera également effectuée au domicile des parents. Les enquêteurs saisiront portables et ordinateurs mais rien d’accablant n’en ressortira. Aucune poursuite ne sera engagée contre lui dans cette procédure.
Présentant un profil psychiatrique lourd, Armand R. a par ailleurs été en lien, par le passé, avec d'autres terroristes comme ceux ayant commis les attentats de Magnanville et de Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016, a appris BFMTV d'une source proche de l'enquête.