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Arrêt des soins de Vincent Lambert: que va-t-il se passer maintenant?

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L'arrêt des soins pour Vincent Lambert a été confirmé par la Cour européenne des droits de l'homme. L'affaire pourrait cependant se poursuivre: ses parents refusent de le laisser partir, et veulent engager d'autres recours.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a tranché: elle valide la décision du Conseil d’Etat en faveur de l’arrêt des soins de Vincent Lambert. Cet homme de 38 ans est plongé dans un état neurovégétatif depuis un accident de la route en 2008, et est nourri et hydraté artificiellement.

Une décision qui déchire la famille de Vincent Lambert depuis plusieurs années. D’un côté, son épouse et une partie de ses frères, convaincus qu’il n’aurait pas souhaité vivre comme cela. De l’autre, son père et sa mère, extrêmement croyants, qui lui rendent visite chaque jour et avaient saisi la CEDH pour empêcher l’arrêt des soins. Que va-t-il se passer désormais?

Sur le plan judiciaire:

La CEDH, qui est chargée de veiller à l’application de la Convention européenne des droits de l’homme, rend des arrêts définitifs. Pour la saisir, le requérant doit avoir épuisé toutes les autres voies de recours devant la justice de son pays. En théorie donc, les parents de Vincent Lambert n’ont plus d’autre moyen d’empêcher l’arrêt des soins par la justice.

Cependant, vendredi, la mère de Vincent Lambert a laissé entendre sur BFMTV que ce ne serait pas terminé. “Il est hors de question que l’on accepte ça. Nos avocats vous en diront plus, mais nous avons d’autres voies possibles”. Ses conseils estimeraient en effet qu’un recours est encore possible devant un tribunal administratif, puisque le médecin qui aurait dû s’occuper de l’arrêt des soins, le Dr Eric Kariger, a démissionné du CHU de Reims il y a quelques mois.

Sur le plan médical:

Dans les prochains jours, l’équipe médicale de Vincent Lambert pourrait arrêter les soins, l’hydratation, et l’alimentation, avec une sédation “profonde et continue” jusqu’à la mort. Mais plusieurs voix médicales se sont élevées pour demander à ce que rien ne soit fait dans la précipitation.

Ainsi, Vincent Morel, le président de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs, souhaite que l’on “laisse du temps à l’équipe médicale pour ré-appréhender la situation de façon globale”. “Je ne voudrais pas qu’une mise en œuvre trop rapide crée de la violence supplémentaire”, a-t-il confié au Monde jeudi.

Sur le plan de la jurisprudence:

Il existe actuellement en France près de 1.700 patients plongés dans un état de conscience minimal. Certaines familles craignent que la décision de la CEDH et du Conseil d’Etat ne fasse jurisprudence.

“Elles ont peur que demain, on leur impose des décisions d'arrêt d'alimentation et d'hydratation. Aujourd'hui, le rapporteur du Conseil d'État conclut que cela peut se faire contre l'avis d'une partie des proches, qu'en sera-t-il pour nous demain?”, s’interrogeait l’an dernier dans Le Figaro Philippe Petit, membre de l’Union nationale des associations de familles de traumatisés crâniens.

D'autres, en revanche, pourraient être soulagées par cette décision, comme le soulignaient dans une tribune les frères de Vincent Lambert en janvier 2014, alors que la justice avait refusé son euthanasie passive: "Vincent - mais aussi toutes les personnes pouvant un jour se retrouver dans sa situation - risque fort de devoir continuer à vivre dans la souffrance et le déni de sa volonté clairement exprimée par oral: il n'anticipait pas cette situation au point d'écrire ses directives, comme 98% de la population française."

Alexandra Gonzalez