Après 10 ans de cavale, un baron présumé de la drogue jugé à Bordeaux

Il avait filé entre les mains des enquêteurs à deux reprises. Finalement, après 10 ans de cavale, la justice va enfin voir comparaître Moufide Bouchibi. Interpellé en mars dernier, celui qui était surnommé "Mouf", va être jugé ce mercredi et jeudi par la cour d'appel de Bordeaux. Considéré comme l'un des plus gros trafiquants de cannabis en France, il doit répondre de plusieurs go-fast entre l'Espagne et la France.
Moufide Bouchibi débute sa "carrière" en Essonne. Au début des années 2000, ce petit délinquant natif d'Orsay, en Essonne, fréquente Sofiane Hambli, dit "la Chimère". Une connaissance qui lui permet d'entrer dans le trafic de drogue à grande échelle.
Spécialisé dans les go-fast
En 2002, il est interpellé une première fois. Les enquêteurs découvrent 240 kilos de cannabis à son domicile, ainsi que des armes et des voitures volées. Moufide Bouchibi purge sa peine de prison - marquée par deux tentatives d'évasion - puis reprend du service. Il se spécialise dans les go-fast, la livraison en grande quantité de drogue entre le sud de l'Espagne et la France à bord de véhicules roulant à très vive allure.
"Mouf" rêve de plus grand et quand Sofiane Hambli est interpellé et condamné, il prend sa place. Depuis sa cellule, "la Chimère" décide de le punir et le faisant enlever au Maroc et torturer. Il devra sa libération au paiement d'une rançon de plusieurs centaines de milliers d'euros. Hambli, devenu indic des stups, tente à nouveau de le faire tomber, notamment en lui livrant de la drogue. Une affaire qui révéla les pratiques controversées de l'ex patron de la lutte anti-drogue, François Thierry.
Interpellé à Dubaï
Moufide Bouchibi n'est pas recherché uniquement par son ancien associé. La justice française tente également de mettre la main sur lui alors qu'il a été condamné en 2015, en son absence, à 20 ans de prison. Pendant ces années, "Mouf" vit entre l'Algérie, le Maroc, où il possède plusieurs biens immobiliers, dont un hôtel de 10 millions d'euros... et enfin Dubaï.
C'est aux Émirats arabes unis que celui qui se fait appeler Tarek Titouni est arrêté en mars dernier alors qu'il était sous le coup d'un mandat d'arrêt international depuis 2012 alors que les services de policie le soupçonne d'avoir importé plusieurs dizaines de tonnes de canabis en France par an. Présenté aux autorités judiciaires locales, il a été remis à la France le 12 mai dernier. De manière irrégulière, selon lui.
Moufide Bouchibi a bien tenté d'obtenir sa remise en liberté, avant son procès qui débute ce mercredi, auprès de la cour d'appel de Bordeaux, estimant que cette remise aux autorités françaises avait été faite "en dehors de toute procédure d'extradition" et "en méconnaissance" d'une convention d'extradition liant la France aux Émirats arabes unis. La justice ne lui a pas donné raison, évoquant un "risque de fuite à l'étranger".