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Amant, rôdeur, djihad... Les autres pistes envisagées (et refermées) pendant l'enquête sur la disparition de Delphine Jubillar

Croquis d'audience montrant Cédric Jubillar et ses avocats Alexandre Martin (C) et Emmanuelle Franck à son procès à la cour d'assises du Tarn, à Albi, le 23 septembre 2025

Croquis d'audience montrant Cédric Jubillar et ses avocats Alexandre Martin (C) et Emmanuelle Franck à son procès à la cour d'assises du Tarn, à Albi, le 23 septembre 2025 - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Au troisième du procès de Cédric Jubillar, le directeur d'enquête est revenu sur l'ensemble des pistes envisagées par les gendarmes après la disparition de Delphine Jubillar en décembre 2020.

C'est d'un pas assuré que le major Bernard L. traverse la salle d'audience au troisième jour du procès de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de sa femme, ce mercredi 24 septembre. Cet homme a occupé un rôle central après la disparition de Delphine Jubillar puisqu'il a été le directeur de cette longue enquête.

"J'étais le point d'entrée de toutes les investigations", indique le major Bernard L. à la cour d'assises. Il a travaillé sur l'affaire dès les premières heures avec cette question en tête: "Comment Madame Jubillar a pu disparaître sans laisser aucune trace?".

"Répondre à cette question"

Cette question le guidera tout au long de l'enquête. "Nous allons épuiser tous les moyens pour répondre à cette question", poursuit le major Bernard L. Les gendarmes de la cellule d'enquête dédiée à la disparition de la mère de famille ont étudié et refermé, une à une, les nombreuses pistes du dossier où il n'y a ni corps ni aveu. Qu'elles soient crédibles ou farfelues.

Les enquêteurs ont d'abord songé à un départ volontaire ou un suicide. Deux pistes jugées très rapidement improbables par les proches de l'infirmière. Delphine Jubillar n'aurait jamais abandonné ses deux enfants qu'elle aimait tant.

Elle n'avait manifesté aucune fragilité psychologique ou des tendances suicidaires. Au contraire, elle était résolue à entamer une nouvelle vie avec son amant, qu'elle avait rencontré en juillet.

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La piste de l'amant

La piste de l'amant et de son épouse a également été étudiée. La téléphonie du couple a été analysée. "Leurs lignes téléphoniques ne déclenchaient jamais le relais couvrant le domicile des Jubillar", indique une source proche du dossier à BFMTV. Pareil, pour l'équipement électronique de la maison de l'amant et de sa femme: il a été exploité, et il démontre que le couple n'a pas quitté son domicile.

"On étudie la domotique, le système d'alarme, de fermeture et d'ouverture des portes de leur maison", détaille le gendarme. "Rien ne bouge cette nuit-là. Aucune porte n'est ouverte."

Devant la cour d'assises du Tarn, le directeur d'enquête revient sur l'interrogatoire de cet homme avec lequel Delphine Jubillar projetait de refaire sa vie. "Il nous explique leur rencontre sur un site de rencontre, et qu'ils sont tombés amoureux", détaille le major Bernard L.

"L'étude de leurs conversations montre un amour immense. Ils avaient des projets en commun. Il n'avait aucune raison d'intenter à la vie de Delphine." Ainsi, fort de l'ensemble de ces éléments, "l'hypothèse de l'amant et de sa compagne est refermée".

Rôdeur et fausse piste

Delphine est-elle tombée sur un rôdeur? Cette question, les enquêteurs se la sont posée aussi. Les lignes téléphoniques ayant déclenché le relais du domicile des Jubillar ont été méticuleusement étudiées.

Les personnes inscrites au Fichier des auteurs d'infractions sexuelles (FIJAS), et installées dans la région, ont, elles, été entendues. "Aucun lien n'est établi", expose le major Bernard L.

Les enquêteurs ont également eu affaire à un homme qui s'était lui-même accusé du meurtre de l'infirmière. Entendu par les gendarmes, il avait fini par admettre qu'il faisait cela pour attirer l'attention de sa petite amie.

Secte, départ pour le djihad

Enfin, Cédric Jubillar a aussi essayé d'orienter l'enquête. Il a notamment laissé entendre que Delphine Jubillar aurait pu rejoindre une secte ou même partir faire le djihad. Cette piste, les enquêteurs anti-terroriste l'ont étudiée. À l'époque, aucun élément sur un départ sur zone ou sur une quelconque radicalisation de Delphine Jubillar n'avait fait l'objet d'une remontée d'informations auprès de leur service.

Aujourd'hui, c'est désormais Cédric Jubillar qui est au centre de l'affaire. "Nous nous sommes évertués à retrouver Madame Jubillar. Nous avons cherché toutes les causes possibles pouvant expliquer sa disparition. Tous les éléments recueillis ramènent à Cédric Jubillar", conclut le major.

Cet ancien peintre-plaquiste est jugé jusqu'au 17 octobre devant la cour d'assises du Tarn pour le meurtre de sa femme. Il clame son innocence depuis le début de l'affaire.

Mélanie Bertrand et Matthias Tesson avec Charlotte Lesage