Agressions dans une école de Marseille: une victime raconte son face-à-face avec l'assaillant

"Je suis terrifiée, je ne dors pas la nuit, quand je ferme les yeux, l'histoire se refait en boucle." Une semaine après les faits, Sandra est encore extrêmement marquée. Vendredi 6 septembre à l'aube, cette cantinière de 42 ans a été victime d'une violente agression au sein de l’école élémentaire La Pauline, dans le 9ème arrondissement de Marseille, où elle travaille depuis plus de vingt ans. Un inconnu de 17 ans s'est introduit dans l'établissement et l'a blessée à plusieurs reprises.
Arrivée la première ce jour-là, Sandra assure avoir bien avoir fermé le portail de l'école après son arrivée et écarte toute négligence. "Ici, on peut rentrer de 100 façons différentes, ça fait des années que je le dis car ça arrive qu'on ne se sente pas en sécurité", affirme-t-elle.
Puis arrive l’agresseur, uniquement vêtu d'un caleçon. Immédiatement, Sandra sent le danger. "Il était torse-nu, pieds nu, en caleçon, il faisait des bruits avec la bouche", détaille-t-elle à BFMTV. Selon son récit, l'homme explique être en danger de mort, lui demande d’appeler la police avant de redoubler de violence.
"Il m'a arraché le téléphone des mains, a levé les bras au ciel, a commencé à dire qu'il faisait la prière, qu'il était musulman et qu'il fallait tuer tous les chrétiens. Il m'a étranglée si fort… J'ai tenté de me débattre, puis il m'a regardé avec ses yeux révulsés et m'a dit: 'Aujourd'hui, c'est toi qui vas mourir!'", raconte-t-elle également au Parisien.
"Avec l'adrénaline, je ne sentais rien"
C’est à ce moment-là que l’agresseur frappe Sandra à trois reprises au niveau de l’abdomen à l’aide de ciseaux, puis une quatrième fois dans la jambe avec un couteau de cantine. Intervient alors l’une de ses collègues, elle aussi agressée.
"Il m’a étranglé, il m'a frappé, il a pris le ciseau sur mon bureau et il m’a poignardé trois fois dans l’abdomen avec. On l’a frappé à deux mais on n’y arrivait pas, il avait une force extraordinaire. Il a pris le couteau et me l’a tanqué (enfoncé, ndlr) dans la cuisse", poursuit-elle
Dans le chaos, Sandra parvient à s'échapper et à se cacher dans les toilettes. "J'ai fait le 17, mais je suis tombée sur la musique. Le 18 aussi, pareil. J'étais désespérée, alors j'ai appelé mon mari. J'étais dans le noir. Quand mon mari m'a demandé ce que j'avais, j'étais incapable de lui dire. Avec l'adrénaline, je ne sentais rien, je ne sentais même pas le sang couler alors que j'avais été poignardée quatre fois", se rappelle-t-elle.
Le parquet antiterroriste pas saisi
Moins de deux heures plus tard, le suspect est interpellé non loin des lieux. L'enquête est confiée à la police judiciaire, le parquet antiterroriste n'est pas saisi et l'agresseur est hospitalisé en psychiatrie.
"OK, il a 17 ans. OK, ils l'ont déclaré fou. Mais quand il a crié Allahou Akbar et qu'il a attrapé des ciseaux plutôt qu'un des multiples crayons que j'avais sur mon bureau, là il avait l'air de savoir ce qu'il faisait", réagit encore Sandra auprès du Parisien.
Lors d'un point presse plus tôt vendredi, le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, avait indiqué que l'assaillant "n'était pas connu au titre de la radicalisation" et "assez peu connu" de la police. Il avait toutefois appelé à "rester très prudent" sur ses motivations.