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Police-Justice

Affrontements, interpellations, contrôles... le bilan de la sécurité de l'Euro 2016

Au total, plus de 90.000 personnes ont été mobilisées pour la sécurité lors de l'Euro 2016.

Au total, plus de 90.000 personnes ont été mobilisées pour la sécurité lors de l'Euro 2016. - Valery Hache - AFP

Dans un contexte de menace terroriste élevée, 90.000 policiers et membres de la sécurité privée ont été mobilisés du 10 juin au 10 juillet pour assurer la sécurité de l'événement sportif.

En ce soir de finale de l'Euro 2016 qui se jouait au Stade de France à Paris, la France était rassemblée derrière son écran. Personne ne voulait rater l'événement. Alors à 19 heures, quand les organisateurs annoncent que la fanzone à Paris affiche complet, la crispation d'avant-match a laissé place aux incidents. Jets de projectiles sur les forces de l'ordre, des véhicules vandalisés... et un bilan de 50 interpellations.

Si ces incidents de dernières minutes ont entraîné la fermeture de la Tour Eiffel ce lundi, les responsables préfèrent garder en mémoire une organisation et une sécurité "exemplaires". "On a 51 matchs, un seul incident et encore pas sur le terrain, à l’extérieur", s'est réjouit Noël Le Graët, le président de la Fédération française de foot sur BFMTV et RMC. Et de poursuivre: "C’est un Euro tout à fait exemplaire. On doit beaucoup à la police, la gendarmerie, l’armée et au Ministère de l’intérieur."

1.550 interpellations

Lundi matin, le ministre de l'Intérieur a dressé un bilan positif de la sécurité pendant l'événement, ne dénombrant qu'"un seul incident majeur". Au total, les forces de l'ordre ont procédé à 1.550 interpellations débouchant sur 891 gardes à vue. 59 condamnations de peines de prison ferme ou de sursis ont été prononcées, ainsi que 64 reconduites à la frontière et 32 refus d'accès au territoire.

"Si l’Euro 2016 a été une réussite aux yeux du monde entier, si les 51 matchs se sont déroulés normalement, si ce matin dans la presse on ne parle que du football et des émotions magnifiques que ce sport peut nous procurer, c’est en grande partie grâce à ces policiers, ces gendarmes, ces pompiers et les préfets ainsi que les agents de sécurité privée", a insisté Bernard Cazeneuve. 

Pendant ce mois de compétition, répartie dans dix villes, plus de 90.000 personnes étaient mobilisées pour assurer la sécurité de l'événement. Dans le détail, ce sont 42.000 policiers, 30.000 gendarmes, 5.000 personnes de la sécurité civile et 30.000 agents de la sécurité privée. "Nous avions, compte tenu du contexte particulier, fait de la sécurité de l’Euro une priorité absolue", a rappelé le ministre de l'Intérieur parlant de dispositif "tout à fait exceptionnel". Rien que pour sécuriser les Champs-Elysées au soir de la finales, 3.500 forces de l'ordre étaient positionnées.

Affrontements en début de tournoi 

Cette satisfaction aujourd'hui affichée laisse place aux incidents de début de compétition. Le 11 juin, au lendemain du match d'ouverture, de violents affrontements ont éclaté à Marseille entre supporters anglais et russes. Un Britannique, grièvement blessé à la tête, était entre la vie et la mort. Quelques jours plus tard, des scènes de violences se reproduisent à Lille toujours entre Anglais et Russes. L'UEFA décide alors d'exclure l'équipe russe en cas de nouvel incident. La France décide elle d'expulser le chef de la délégation des supporters russes, Alexandre Chpryguine.

La tenue de cet Euro sans problème majeur permet également aux autorités de se féliciter d'avoir conserver les fanzones. A une semaine du coup d'envoi de l'événement, le préfet de police de Paris proposait de fermer l'enceinte basée au Champ-de-Mars les jours de matchs dans la capitale. Chez Les Républicains, la proposition était bien accueillie. Quand Eric Ciotti estimait qu'il fallait étudier ces suppressions au cas par cas selon les villes, Frédéric Péchenard réclamait l'annulation pure et simple de la fanzone dans la capitale.

Maintien des fanzones

"Nous avons eu raison de maintenir les fan zone qui ont permis de canaliser des milliers de supporters et qui ont été une réussite également car ces espaces clos et festifs ont fait l’objet d’un dispositif de sécurité exemplaire", n'a pas manqué de remarquer Bernard Cazeneuve, déplorant l'attitude de "certains esprits" qui "s'étaient mis à tout dénigrer". Et l'adjointe à la sécurité à la mairie de Paris d'enfoncer le clou. 

Pour arriver à ce bilan positif, un travail en amont a été effectué rappelle-t-on place Beauvau. Bernard Cazeneuve, qui a rendu hommage aux services de renseignements, a précisé que "150 individus" ont été arrêtés depuis le début de l'année pour des activités en lien avec le terrorisme. "C'est un travail important qui a sans doute permis de vivre cet Euro 2016 dans de bonnes conditions", assure le ministre. Dans le contexte actuel après les attentats de novembre, "chaque semaine, des gens sont interpellés", rappelait à BFMTV.com Jacques Di Bona, ex-directeur de l'Unité de coordination de la lutte anti-terroriste. "Le travail de fond permet de déstabiliser les réseaux", poursuivait-il, assurant que cet engagement a pu empêcher des actions terroristes.

Cet Euro de football qui vient de s'achever donne déjà des idées au responsables politiques qui imaginent déjà Paris ville hôte des Jeux Olympiques en 2024. "Une compétition comme celle-ci doit être regardée au regard de l’héritage qu’elle amène", assure Thierry Braillard, le secrétaire d'Etat en charge de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. "Nous avons démontrer notre capacité (...) à organiser les plus grands événements sportifs internationaux qui existent. Cette grande réussite est un atout complémentaire, supplémentaire, peut-être décisif pour la candidature de Paris à l’organisation des Jeux en 2024."

Justine Chevalier