Affaire Taha Bouhafs: Clémentine Autain accuse le militant de "mentir"

Au début du mois de mai dernier, le journaliste militant Taha Bouhafs était pressenti pour porter les couleurs de la France insoumise dans la 14e circonscription du Rhône. Mais visé par des témoignages l'accusant d'agressions sexuelles, il avait dû brutalement renoncer à sa candidature avant de s'imposer une diète médiatique.
Rompant le silence mardi à travers une lettre ouverte diffusée sur les réseaux sociaux, il a alors affirmé que Clémentine Autain, députée insoumise reconduite en Seine-Saint-Denis, lui avait proposé de déguiser les véritables causes de son retrait.
Taha Bouhafs affirme que celle-ci lui a suggéré de présenter ce retrait comme la conséquence de son dégoût devant une campagne raciste à son encontre et non de ces témoignages internes l'accusant d'être l'auteur d'agressions sexuelles. La parlementaire a rejeté cette version des faits ce jeudi soir sur notre plateau.
Développant son propre récit sur BFMTV, Clémentine Autain a notamment contré: "Non, la discussion n’a jamais porté là-dessus". Taha Bouhafs aurait-il donc menti dans sa lettre ouverte ? "Bien sûr", a rétorqué la parlementaire.
"De deux choses l'une"
Retournant à l'origine de l'affaire, Clémentine Autain a d'abord retracé: "Je n’ai pas du tout envie de polémiquer avec lui et je comprends qu’il m’en veuille car je suis celle – avec Mathilde Panot – qui a pris l’initiative d’aller le voir, car nous avions des témoignages circonstanciés d’agressions sexuelles graves."
La députée a dévoilé le contenu de l'échange des trois protagonistes. "Nous lui disons : ‘Voilà, nous ne pouvons pas t’investir, donc de deux choses l’une, soit tu te retires et nous ne disons pas ce qu’il se passe (...) soit tu refuses et nous sommes obligées d’en parler'", a-t-elle raconté. Elle a d'ailleurs justifié cette suggestion de passer ces témoignages sous silence par la volonté même de ses accusatrices:
"Les femmes qui ont témoigné ne voulaient pas que ce soit sur la place publique. D’ailleurs en rendant ça public, on aurait eu un problème avec des femmes n’ayant pas déposé plainte, mais déposant un témoignage mettant en cause un homme ne pouvant pas se défendre".
"Ces attaques racistes, il les a vécues"
Si l'insoumise a martelé qu'il n'avais jamais été question de déguiser les racines de son éviction, elle a toutefois refusé de nier "l'existence de cette dimension raciste dans la complexité" de l'affaire. "Ces attaques racistes, il les a bien vécues", a-t-elle fait valoir avant d'observer: "Et la première chose que m’a dite l’une des accusatrices de Taha Bouhafs en s’asseyant en face de moi a été : ‘Je ne veux pas participer à la campagne orchestrée par l’extrême droite contre Taha Bouhafs’."
"Je n’accepte pas qu’il y ait cette campagne dégueulasse à mon encontre et mon engagement féministe", a-t-elle cependant conclu plus tard.
