Adolescent mortellement fauché en marge du Mondial 2022: le procès s'ouvre ce mercredi à Montpellier

Le tribunal judiciaire de Montpellier. - BFMTV
Un décès qui avait endeuillé Montpellier. Le procès d'un automobiliste accusé d'avoir mortellement fauché Aymen, un adolescent de 13 ans dans le quartier de la Mosson, en marge des célébrations de la demi-finale France-Maroc lors du Mondial de football de 2022, s'ouvre ce mercredi 22 octobre, devant la cour criminelle de l'Hérault.
Le décès d'Aymen avait marqué la compétition et un millier de personnes avaient défilé à Montpellier, roses blanches à la main, pour lui rendre hommage. Sa mort avait aussi provoqué des échauffourées dans le quartier défavorisé de La Mosson où s'était déroulé le drame.
"C'est un dossier délicat car il touche la mort d'un enfant", souligne aujourd'hui Marc Gallix, l'avocat de la famille de la victime, interrogé par l'AFP.
Un chauffeur qui a pris la fuite
Le 14 décembre 2022, une centaine de supporters étaient descendus dans une rue de ce quartier situé en périphérie de Montpellier, à l'issue de cette demi-finale, remportée 2-0 par la France face au Maroc.
Juste avant les faits, le conducteur "avait été chahuté par un groupe de jeunes qui avaient arraché un drapeau tricolore" accroché à l'une de ses portières, ont retracé les enquêteurs. Il avait alors démarré brusquement, effectuant un demi-tour sur les voies du tramway et avait percuté des jeunes, dont Aymen, décédé peu après sa prise en charge médicale. Un autre adolescent avait été blessé.
Activement recherché, l'automobiliste avait été interpellé douze jours plus tard, dans les Pyrénées-Orientales. Avant d'être mis en examen des chefs de "violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et "violences volontaires avec arme ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours".
Un membre de sa famille avait été mis en examen pour "soustraction d'un criminel à l'arrestation ou aux recherches". Il sera jugé à ses côtés.
Des tensions communautaires
Aujourd'hui, indique maître Gallix, la famille d'Aymen "n'est pas animée par un désir de vengeance. Elle souhaite que justice soit rendue. Elle espère aussi que l'auteur dise la vérité, ce qu'il n'a pas encore fait."
Organisé sur deux jours, le procès devra faire la lumière sur plusieurs ambiguïtés: avec qui l'automobiliste était-il dans la voiture? La lunette arrière du véhicule a-t-elle reçu un bloc de bitume avant ou après avoir percuté l'adolescent? Quel rôle la famille de l'automobiliste a-t-elle joué dans sa fuite ?
Maître Gallix rappelle qu'au moment des faits, les proches de l'adolescent avaient "lancé un appel au calme: il y avait des conflits très durs entre communauté maghrébine et communauté gitane".
Un "déficit cognitif'
Âgé de 20 ans en 2022, le conducteur, William C., né d'une mère issue de la communauté des gens du voyage et d'un père marocain, avait été diagnostiqué par l'expertise psychologique comme ayant un réel "déficit cognitif".
Il avait exercé son droit au silence lors de son interrogatoire en première comparution. Avant de finalement s'exprimer, un mois plus tard, déclarant aux policiers qu'il était "désolé". Il a expliqué qu'il n'avait "pas voulu percuter les personnes (...), qu'il n'avait pas pris conscience (...) d'avoir blessé et encore moins d'avoir tué quelqu'un."
Son avocat, Jean-Baptiste Mousset, assure à l'AFP que "toute sa détention a été émaillée de menaces de mort et de violences, par des personnes se revendiquant être proches de la victime."
"D'abord placé en détention à Perpignan, il a été transféré à Béziers à la suite de violences commises sur lui en pleine nuit par ses codétenus", a-t-il ajouté.