20 ans de prison pour le chauffard de Berrwiller en Alsace

Un automobiliste, qui avait foncé sur la foule à la sortie d'une fête de village en Alsace en juin 2007, faisant un mort et quatorze blessés, a été condamné jeudi à vingt années de réclusion criminelle. /Photo d'archives/REUTERS/ - -
COLMAR (Reuters) - Un automobiliste qui avait foncé sur la foule à la sortie d'une fête de village en Alsace en juin 2007, faisant un mort et quatorze blessés, a été condamné jeudi à vingt années de réclusion criminelle.
Les jurés de la Cour d'assises du Haut-Rhin, réunie à Colmar, sont allés au-delà des réquisitions du parquet qui demandait 16 à 18 ans à l'encontre Abdelkader Gridda. Ils ont assorti la peine d'une période de sûreté de treize ans.
Les avocats de la défense ont annoncé leur intention de faire appel.
La cour a reconnu le jeune homme, qui était âgé de 22 ans à l'époque des faits, en 2007, coupable d'homicide volontaire.
Celui-ci était indéniable pour l'avocat général, Pascal Schultz, dès lors que le Mulhousien, dont le véhicule avait atteint 50 à 60 kilomètres heures au moment de l'impact, n'avait tenté ni freinage, ni manoeuvre d'évitement.
"Cette vitesse rend le choc inévitable et caractérise la volonté de tuer", a-t-il dit en rappelant les corps qui "volent, certains à 15 mètres, d'autres à des hauteurs de deux à trois mètres et le tout sur 80 mètres".
Pascal Schultz a comparé l'accusé à "une cocotte minute, chauffée par l'alcool, la bière et le cannabis".
Abdelkader Gridda n'avait pas supporté de se faire expulser de la "Humpafascht", la fête de la bière de Berrwiller en raison de son état et de son comportement.
"PAS CONSCIENT DES CONSÉQUENCES"
Après s'être querellé verbalement avec plusieurs personnes et proféré des menaces, il était reparti vers trois heures du matin, fendant une première fois la foule au volant de sa voiture avant de faire demi-tour et de revenir en accélérant.
Les avocats de la défense ont tenté de convaincre les jurés de requalifier les faits en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, rien n'étayant selon eux la thèse de la volonté homicide.
La vitesse du véhicule n'était pas "par essence mortelle", dans la mesure où il n'avait pas excédé la vitesse autorisée en agglomération, a affirmé Me Delphine Gilbert.
L'intentionnalité ? Elle l'a réfutée en mettant en avant l'impulsivité de son client, attestée par les psychiatres, et son imprégnation à l'alcool et au cannabis.
"Il n'était pas conscient des conséquences de ses actes au moment des faits", a-t-elle dit en soulignant qu'il avait accéléré par "peur" et que son objectif était la "fuite".
Pascal Schultz avait rappelé les errances d'un jeune qui avait commencé à fumer du cannabis et à sécher l'école dès l'âge de 14 ans. L'avocate a complété le portrait en soulignant qu'il n'était "pas un monstre" mais un être immature, impulsif qui peut se montrer intolérant à la frustration".
Abdelkader Gridda, qui a écouté la tête baissée tant le réquisitoire que les plaidoiries de ses avocates, a pris la parole une dernière fois. "Je regrette sincèrement mais je n'ai jamais eu l'intention de tuer qui que de soit", a-t-il dit.
Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse