Canicule: deux vagues de chaleur aussi rapprochées, une première?

A partir de ce lundi, un nouvel épisode caniculaire devrait de nouveau frapper la France, quelques semaines seulement après une première forte vague de chaleur survenue fin juin dernier. Cette semaine, les températures devraient s’envoler et l’air chaud venu du sud-ouest de la péninsule ibérique finira par gagner jusqu'à l'extrême nord du pays entre mercredi et jeudi.
A l’heure actuelle, 21 départements ont été placés en vigilance orange pour canicule à partir de 6h ce lundi matin et, dès mercredi, la barre des 40°C pourrait gagner la vallée de la Loire. Les températures y resteront fortes mercredi, et surtout jeudi, où l'on prévoit un pic à 41°C alors qu'au plus chaud de l'épisode de fin juin on n'avait atteint que 36.5°C. Avec une vague de chaleur plus homogène sur l'ensemble du pays, la température moyennée à l'échelle de la France pourrait ainsi atteindre des niveaux seulement vus lors de la vague de chaleur exceptionnelle d'août 2003.
40 vagues depuis 1947, dont 31 depuis 1989
Face à ces conditions climatiques extrêmes, une question se pose: deux vagues de chaleur en un temps si réduit, est-ce du déjà-vu? Contacté par BFMTV.com, François Jobard, météorologue à Météo-France, retrace la chronologie des canicules françaises depuis la moitié du siècle dernier.
"Depuis 1947, 40 vagues de chaleur ont été comptabilisées: 9 ont eu lieu avant 1989, 31 entre 1989 et 1999 et 22 après 2000. Il y a donc bien une multiplication de leur fréquence."
Et dans l’histoire climatique française récente, l’année 2017 tient la corde avec quatre vagues successives, qui ont surtout touché le sud de la France entre juin et août, "dont deux plus anecdotiques." En réalité, des étés marqués par plusieurs vagues de chaleur ne sont pas rares: elles étaient au nombre de 2 et de 3 pour 2016 et 2015 pour la période estivale.

Comme en 2003?
En revanche, deux critères importants démarquent les récentes vagues de chaleur de celles de cette année: leur durée et leur intensité. Et au jeu des comparaisons, seule la canicule de 2003 semble pouvoir rivaliser avec celles connues et prévues pour 2019. Responsable d’environ 70.000 morts à travers l’Europe, elle avait durement frappé le continent durant deux longues semaines en plein mois d’août, faisant s'envoler les températures au-delà des 40 degrés durant plusieurs jours successifs.
Ainsi, la canicule attendue pour cette semaine "pourrait potentiellement être comparée à celle de 2003 et sera plus forte qu’en juin. C’est notre référence, il y a eu deux vagues très intenses et durables puisqu’au mois d’août, cela a duré près de deux semaines."
Une hypothèse appuyée par le Centre de Recherches de climatologie (CRC), qui quant à lui souligne qu’un ressenti comme celui de 2003 "semble se dégager" avec "un type de configuration qui s’en rapproche."
"Il s’agit du même schéma", nous confirme-t-on.
De plus en plus de canicules pour le futur
Et cette double vague de chaleur semble avoir un responsable tout trouvé: le réchauffement climatique. "C'est directement lié, il y a des conditions plus chaudes et cette année, la sécheresse a été favorisée par un hiver très sec malgré quelques épisodes de pluies très insuffisants", nous explique-t-on du côté du CRC.
"Il fait plus chaud que dans les années 1970, il est beaucoup plus facile de battre des records de températures car dans les masses d'air chaudes et froides, il y a plus de chaud qu'avant et moins de froid", confirme-t-on à Météo-France.
Au point de voir ces vagues de chaleur se multiplier dans les années à venir?
"Oui, absolument. Pas forcément dans les années à venir mais dans les prochaines décennies cela va se répéter et s'amplifier, la tendance va se poursuivre, aussi bien en fréquence qu'en intensité", conclut François Jobard.