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La "Photo of the Year" a-t-elle été mise en scène?

La polémique est née sur le blog photo Bag News, qui a été contacté par le sujet de la photo lui-même.

La polémique est née sur le blog photo Bag News, qui a été contacté par le sujet de la photo lui-même. - -

SUR LES INTERNETS - "The Crescent", photo qui a remporté d'importants prix de photojournalisme cette année, est accusée d'être une mise en scène. Paolo Pellegrin, de l'agence Magnum, est au cœur de la polémique qui agite le petit monde de la photo de presse.

Le monde du photojournalisme passe d'une polémique à l'autre. Il y a eu le vainqueur du World Press Photo Contest, Paul Hansen, à qui l'on reproche d'avoir eu la main un peu lourde sur Photoshop. Aujourd'hui, un photographe reconnu de la prestigieuse agence Magnum, Paolo Pellegrin, est carrément accusé d'avoir mis en scène "The Crescent", une image qui a gagné plusieurs prix importants.

La polémique est née sur le blog photo Bag News, qui a été contacté par le sujet de la photo lui-même, Shane Keller, un vétéran des Marines qui a tenu à exposer sa version des faits. L'article, intitulé "Quand la réalité n'est pas suffisamment dramatique", attaque directement le photographe.

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Un travail de reportage documentaire

Retour en arrière. En avril 2012, onze photographes de Magnum s'installent à Rochester pour un travail documentaire sur la ville américaine de l'Etat de New York. Elle est réputée pour sa violence, concentrée dans quelques quartiers.

Paolo Pellegrin prend une photo d'un homme posté devant une porte, un fusil à la main et une guirlande de munitions sur l'épaule. Le regard au loin, il est immobile et affiche une mine inquiète.

La photo est légendée: "Un vétéran du corps des Sniper des Marines et son arme." Elle a valu à son auteur le prix du photographe de l'année de Pictures of the Year International et une deuxième place au World Press Photo Contest.

Une photo mise en scène ?

Le problème, c'est que le Shane Keller conteste la légende et l'inclusoin de la photo dans un reportage sur la violence urbaine.

L'homme n'a pas du tout apprécié la manière dont l'image a été présentée: "Il voulait photographier quelqu'un avec des armes à feu ou dans un stand de tir. [...] Brett [un contact sur place, ndlr] m'appelle et dit que Paolo veut un portrait de nous, j'étais d'accord avec ça [...] mais éthiquement, j'ai trouvé ça bizarre qu'il me demande de faire quelque chose pour lui. Paolo m'a d'abord photographié chez moi, devant un mur blanc."

La photo est ensuite passée pour une photo de reportage: "Je n’avais pas de rôle dans les homicides, la violence, la vente et l’usage de drogues ou la crise économique décrits par le reportage. Je ne sais pas si le but de cette image est de me donner l’air d’être un danger pour les autres ou d’être paranoïaque parce que je vivais dans un quartier dangereux, alors que je ne vivais pas dans un quartier dangereux." Par ailleurs, il n'a jamais été sniper...

Une défense qui ne convainc pas

Le photographe s'est défendu chez National Press Photographers et le blog Lens du New York Times : "Je me souviens clairement que Shane s’était décrit comme un sniper. Il s’est peut-être mal exprimé; j’ai peut-être mal compris; ou il a peut-être utilisé le mot "sniper" d’une façon qui ne devait pas impliquer un ancien statut."

Ses explications n'ont pas convaincu ses détracteurs de Bag News qui se sont fendus d'une réplique tout aussi critique envers le photographe.

>> A lire sur BagNewsNotes.com (en anglais)

Olivier Laffargue