"Nous n'avions pas de plan B": rencontre avec "Duran Duran", bientôt de retour au Zénith de Paris

Les "Fab Five" de Birmingham ne devaient pas passer par Paris. Mais un petit détour s'est imposé à ses membres, qui ont tous vécu dans la capitale et y ont même enregistré un album, Notorious, en 1986.
Duran Duran, mythique groupe britannique des années 1980, signe son grand retour en France lors d'un concert exceptionnel le 21 octobre au Zénith de Paris, dans le cadre de leur tournée européenne. Les préventes auront lieu jeudi 10 juillet à partir de 10 heures, et la mise en vente générale, le lendemain, à partir de 10 heures.
À cette occasion, BFMTV a rencontré Nick Rhodes, claviériste, qui évoque les débuts du groupe à la fin des années 1970.
"Le Disco, ça craint"
1978, Birmingham. Nigel John Taylor et Nick Rhodes n'ont même pas 18 ans lorsqu'ils décident de fonder Duran Duran. Un nom que les deux amis d'enfance ont emprunté au film Barbarella (1968) de Roger Vadim et à un personnage de savant fou, le Dr Durand Durand, inventeur d'une arme destructrice.
Nick au clavier, Nigel à la guitare sont rejoints par Steven Duffy à la basse, rencontré à l'université. Dans un amphi' de la fac', ils donnent leur premier concert devant une poignée de spectateurs... avant que Steven ne lâche le groupe.
La formation finale se compose des deux copains d'enfance, auxquels s'ajoutent Simon Le Bon au chant et Roger Taylor à la batterie. Dès ses débuts, le groupe est inclassable. Pas assez "rock" pour certains, trop "disco" pour d'autres, Duran Duran choisit de ne pas choisir, proposant un son à la croisée des Sex Pistols et de Chic...
"Nous avions une vraie vision de notre projet, du son que nous voulions obtenir et de la manière dont nous voulions nous présenter. Nous n'avions pas de plan B", explique Nick Rhodes.
Décriés pour leur approche musicale, ils retrouvent même l'inscription "Le Disco, ça craint" sur la porte d'un squat dans lequel ils répétaient. Qu'importe, Duran Duran trace sa route, influencé par The Clashs, Siouxsie and the Banshees, The Cure, David Bowie, Kraftwerk...
"À l'époque, tout le monde cultivait sa différence. INXS, The Smiths, Depeche Mode, Prince, Michael Jackson, Madonna... Ils avaient tous leur propre son, leur individualité, et c'est ce qui était le plus important", observe Nick Rhodes.
"Aucun d'entre nous n'imaginait faire quelque chose qui ressemblait à quelqu'un d'autre. Les temps sont différents aujourd'hui."
Leur premier album studio Duran Duran, sorti en 1981, est très vite remarqué. Il se vend à plus de 2,5 millions d'exemplaires, et atteint la 3e place des classements en Grande-Bretagne. Ce qui permet au groupe de Birmingham d'entamer une tournée internationale.
B.O. de James Bond
Le groupe fait partie de la "génération MTV" - les artistes d'alors capitalisaient sur les diffusions de leurs clips sur cette chaîne pour se faire connaître auprès du public. Ainsi, la musique comme la vidéo devaient être soignées.
Duran Duran s'impose alors à coups de clips percutants, voire provocateurs. Celui de Girls on film mettant en scène des femmes dénudées, est très vite censuré par la BBC et MTV... ce qui contribue d'autant plus à son succès. Une version édulcorée est ensuite diffusée sur les ondes, tandis que l'originale se propage dans les clubs et les boîtes de nuit.
Devenu incontournable, Duran Duran signe ensuite le générique de Dangereusement vôtre, (1985), quatorzième James Bond réalisé par John Glen, avec Roger Moore. Leur composition A view to kill est nommée au Golden Globe de la meilleure chanson originale et atteint la première place des classements aux Etats-Unis, au Canada, en Italie ou encore en Suède.
"Ordinary World" à contre-temps
Les années 1990 amorcent un tournant pour le groupe. La décennie est alors marquée par le grunge de Nirvana, l'électro des Daft Punk ou la naissance du hip hop. Duran Duran, avec ses claviers synth-pop et son son très "années 1980", se voit relégué au second plan.
Et pourtant, c'est aussi à cette période que les Fab Five signent une de ses compositions les plus populaires : Ordinary World en 1992. Une chanson qui apparaît à contre-temps de l'époque, et qui leur permet de faire leur retour sur scène après une traversée du désert.
"Pendant dix-huit mois, nous avons écrit des chansons sans relâche, jusqu'à Ordinary World. Cette fois, nous avions compris d'un regard que nous tenions quelque chose de spécial (...), explique Nick Rhodes. C'était un triomphe pour nous, parce que la chanson a su transcrire son époque, et les ressentis des gens d'alors".
En quatre décennies, le groupe a vendu plus de 100 millions de disques à travers le monde. Dernière sortie en date: Danse Macabre, en 2023, sur le thème de Halloween. Ce 16e album studio regroupe une collection de nouvelles chansons, de versions réinventées de leurs hits emblématiques ou de reprises audacieuses de Billie Eilish, des Talking Heads ou encore des Rolling Stones. Des compositions qu'il sera possible d'écouter lors de leur tournée européenne, et de leur Zénith à Paris, le 21 octobre 2025.