"Comment boycotter une artiste qui chante pour la paix ?": Une salle parisienne s'excuse d'avoir annulé le concert de l'artiste israélienne Liraz

La chanteuse Israelo Persane Liraz lors d'un concert au Café de la danse. - Noémie Coissac / Hans Lucas
La direction de FGO-Barbara, lieu culturel de la Ville de Paris, s'est excusée mercredi d'avoir annulé un concert de la chanteuse israélienne d'origine iranienne Liraz, estimant avoir été "emportée par des pressions et émotions", selon un communiqué transmis à l'AFP.
Chanteuse et actrice engagée notamment pour les femmes en Iran, Liraz devait se produire dans cette salle du nord de Paris le 25 octobre mais la direction a décidé de la déprogrammer, se disant, dans un post Facebook, incapable de "maintenir l'évènement dans des conditions alignées avec les valeurs et les engagements que nous portons".
Une pétition en ligne, signée par près de 2.000 personnes, a dénoncé une "censure" et le "boycott" d'une artiste en raison de sa nationalité. "Comment boycotter une artiste qui chante pour la paix, le rapprochement des peuples et des cultures, pacifiste et féministe ?", s'interrogent les pétitionnaires, dont le journaliste Ariel Wizman et le musicien Didier Wampas.
"Un message de paix"
Dans son communiqué, la direction de FGO-Barbara dit avoir conscience des "vives réactions" suscitées par sa décision et fait son mea culpa.
"Nous nous excusons sincèrement d'avoir créé de la discorde dans un contexte international déjà extrêmement clivant, marqué par des violences massives, des injustices profondes, et des violations des droits humains", écrit ce lieu ouvert en 2008.
"Nous réalisons nous être laissé.e.s emporter par des pressions et émotions et nous saurons tirer leçon de cet évènement qui nous rappelle l'importance du dialogue et de la vérification des informations", poursuit la direction, sans plus de précisions.
Sollicitée par l'AFP, la Ville de Paris a dit "regretter vivement" l'annulation du concert de Liraz, "dont les textes portent un message de paix et de défense des femmes iraniennes", et rappelle "son attachement indéfectible à la liberté de création et d'expression".
"La diversité des voix, la confrontation des points de vue sont le fondement même de la vie démocratique", détaille la municipalité, qui promet d'être "toujours garante" de la liberté de création, "en particulier dans les établissements culturels qui lui sont liés".
Dans son communiqué, la direction de FGO-Barbara assure par ailleurs avoir "renoué un dialogue apaisé" avec Liraz.
Contactée par l'AFP, l'artiste n'a pas souhaité faire de commentaires. Elle a été reprogrammée dans une autre salle parisienne, le Café de la danse, le 25 octobre.