BFMTV
Cinéma

Le Palmashow de retour avec "Les Vedettes", une féroce satire de la surconsommation

placeholder video
Le duo sort ce mercredi sa nouvelle comédie, six ans après le succès de "La Folle Histoire de Max et Léon". Une satire à la fois tendre et féroce sur la surconsommation et le besoin de reconnaissance.

Le Palmashow se faisait rare au cinéma. Stars de Mandibules de Quentin Dupieux en mai dernier, David Marsais et Grégoire Ludig n'avaient pas écrit de film depuis six ans et le succès de La Folle Histoire de Max et Léon. Le duo revient enfin avec Les Vedettes, au cinéma le 9 février, réalisé par leur complice de toujours Jonathan Barré.

Dans cette comédie à la fois mordante et mélancolique, qui se moque de la surconsommation et du besoin de reconnaissance contemporain, Daniel (Ludig), un chanteur raté, travaille dans un magasin d’électroménager. Prêt à tout pour rembourser ses dettes et se retrouver sous le feu des projecteurs, il décide d’utiliser Stéphane (Marsais), un collègue naïf et prétentieux, pour participer à des jeux télévisés.

"On essaye de se renouveler"

Il est rare pour des humoristes à succès d'attendre aussi longtemps entre deux films. La "bande à Fifi" sort une comédie par an, Franck Gastambide une tous les deux ans et Dany Bonn une tous les trois ans. "Beaucoup de gens nous demandaient de refaire un film. On aurait adoré, mais on n'avait pas d’idée. On ne savait pas quoi raconter. On n’avait pas envie de faire un deuxième film pour faire un deuxième film", répond en cœur le duo.

Le Palmashow est retourné un temps aux sketches, et ils ont tourné ensemble (Santa et Cie, Adieu les cons) ou séparément (Au poste pour Ludig, C'est la vie pour Marsais). Puis un jour, l'idée est venue. "On voulait raconter un braquage de centre commercial, mais notre réalisateur Jonathan Barré nous a dit que c'était un peu nul", se souvient Grégoire Ludig. "On n’osait pas se l’avouer, mais il avait raison." Barré avait une autre idée en tête:

"Cela faisait quatre ans que l'on ne trouvait pas de sujet. On avait déjà jeté plein de trucs à la poubelle. C'était un peu la déprime", se souvient-il. "Je venais de voir un documentaire sur un mec qui avait appris tous les prix du Juste Prix. Il s'était rendu compte qu'ils n'avaient pas été changés pendant des années. Je trouvais ça à la fois débile et un bon point de départ. Ils sont partis au quart de tour sur l'idée. On l'a écrit ensuite très rapidement."

Jouer des antagonistes

Ainsi est né Les Vedettes, un film très différent de Max et Léon, moins picaresque, mais plus surprenant - et à rebours des attentes de leurs fans. "On essaie d’être le plus sincère possible et de se renouveler", note David Marsais. "Max et Léon, qui était très cinématographique dans son sujet, nous a permis de sortir des sketches et de l'univers de la télévision. Peut-être qu’on ne se sentait pas tout à fait légitime et on est parti à l’opposé de ce qu'on faisait. Les Vedettes est plus personnel."

Le Palmashow a musclé son écriture et sa réalisation, avec des personnages très marqués. "Il y a plus de fond que dans Max et Léon", acquiesce David Marsais. "On nous a souvent dit qu'on ne s'attendait pas à ce qui allait se passer, tellement l'histoire des Vedettes est un peu farfelue", se félicite de son côté Jonathan Barré. Autre surprise: le duo joue des personnages qui ne s'entendent pas du tout. Dans leurs sketches comme dans Max et Léon, ils sont toujours amis, colocataires, frères, voisins ou collègues. Pas cette fois.

"On avait vraiment envie de créer des antagonistes, avec une petite originalité dans la mécanique classique du duo dominé/dominant, du mec qui va se servir de l’autre en se pensant plus intelligent. On se rend compte qu'ils sont aussi cons l'un que l’autre", indique Grégoire Ludig. "On raconte comment naît une amitié, comment on accepte l’autre, ses défauts. On a mûri depuis Max et Léon. On a brisé un peu notre pudeur en tant qu’auteur."

"On n’a pas fait un film sur la télé"

Avec ses parodies d'émissions comme N'oubliez pas les paroles, Le Juste Prix ou encore Les Marseillais, Les Vedettes est bien plus qu'une satire du monde de la télévision. "On n’a pas fait un film sur la télé", martèle Grégoire Ludig. "On parle de surconsommation. Le personnage de Stéphane a besoin de tout posséder, d’être à la pointe de la technologie. C’est une recherche de reconnaissance. On voit qu’il n’a pas eu le passé qu’il aimerait avoir. Il essaie de compenser en étant au top."

"C'est l'histoire de deux types en marge qui cherchent à s’intégrer", ajoute David Marsais. "Ils font ce que la société leur dicte. Il s’achète tous les objets électroménagers en se disant qu’il se fera ainsi des copains et l’autre veut absolument passer à la télé et devenir un chanteur, parce que c’est comme ça qu’on devient célèbre. C’est ce qui les rend ridicules. C’est la société qui les rend ridicules. On ne se moque pas d’eux, mais de la société."
David Marsais et Grégoire Ludig dans "Les Vedettes"
David Marsais et Grégoire Ludig dans "Les Vedettes" © Gaumont

Le Palmashow ne rit jamais contre ses personnages, mais avec. Et à rebours des comédies actuelles, la réalisation prend son temps. "Le but est que les gens croient en ces personnages atypiques dans cet univers entre réalisme, satire et parodie - et qu’ils les acceptent", précise David Marsais. "On n’est pas dans une écriture de course à la vanne", ajoute Grégoire Ludig. "On préfère le comique de situation à la vanne pure et dure", renchérit Jonathan Barré. "Ce sont nos personnages et nos situations qui sont drôles."

"Varier, pour ne pas s'épuiser"

Le résultat leur plaît et leur correspond. Tout comme le défi de jouer des antagonistes: "On va peut-être continuer à explorer un petit peu [cette veine]", prévient le duo. Mais en attendant, retour aux sketches (ils en ont déjà sorti deux pour accompagner la promotion des Vedettes). "On aime bien varier, pour ne pas s’épuiser." Ils ont tourné à l'automne dernier un caméo dans Fumer fait tousser de Quentin Dupieux, mais ils n'apparaîtront pas ensemble à l’écran.

Il faudra attendre un peu avant de revoir le Palmashow sur grand écran. "Dans sept!", s'amuse Ludig. "Ou huit, ça dépendra des idées", ajoute Marsais. "Mais on espère avant." Le temps pour Jonathan Barré de réaliser son premier film sans le duo. Après avoir essayé d'adapter la BD Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher (le projet est pour l'instant abandonné), Barré tournera à partir de mai une comédie de genre sur un sérial killeuse de chauffards en Bretagne.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV