La fréquentation des cinémas en chute libre depuis la mise en place du pass sanitaire

Des spectateurs au cinéma de Belle-Île-en-Mer (Morbihan) au premier jour de la réouverture des salles obscures, le 20 mai 2021. - LOIC VENANCE / AFP
La mise en place ce mercredi du pass sanitaire a eu des conséquences dévastatrices sur la fréquentation des salles de cinéma. Avec seulement 275.000 entrées ce 21 juillet, le nombre d'entrées a baissé de 70% par rapport à la semaine précédente, assure l'entreprise Comscore, citée par Les Echos. Ce jeudi, la fréquentation reste toujours en berne, avec une baisse de 60% par rapport à la semaine dernière.
Le neuvième volet de la pourtant très populaire franchise Fast & Furious a ainsi attiré à peine 35.000 spectateurs mercredi. Le 14 juillet, jour de sa sortie, ils étaient 350.000. Soit une baisse de 90%. Kaamelott - Premier Volet subit lui aussi de plein fouet le pass sanitaire. Avec 307.899 entrées mardi lors des avant-premières et 116.023 mercredi, le film d'Alexandre Astier voit ses entrées divisées par trois.
Si le très attendu KV1 se taille la part du lion, les autres sorties souffrent. Onoda du Français Arthur Harari, plébiscité par la critique depuis de son passage à Cannes, peine à séduire le public et attire seulement 1650 spectateurs (dont 344 en avant-premières) sur 105 copies. Même le nouveau M. Night Shyamalan, Old, déçoit avec 11.555 entrées mercredi.
"Une catastrophe industrielle"
Le public déserte les salles, ont alerté la Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF) et la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), ainsi que plusieurs personnalités du 7e Art, dont le réalisateur Jean-Paul Salomé (La Daronne): "Hier soir séance de 22h en province. J’étais seul dans la salle pour voir Désigné Coupable. J’ai passé une tête dans les 2 salles voisines. Vides. Quel cauchemar…", a-t-il écrit sur son compte Twitter.
"C’est une catastrophe industrielle pour les éditeurs-distributeurs de films qui avaient fait le pari de relancer le marché cinématographique en plein été, au bénéfice de toute la filière. Ils ont pris tous les risques en investissant dans les œuvres et dans leur promotion, afin de proposer une offre riche et diversifiée à destination de tous les publics", ajoute la FNEF dans un communiqué mis en ligne ce jeudi.
La FNCF dénonce de son côté une mise en place "prématurée" du pass sanitaire, "sans aucune préparation ni anticipation". Selon la Fédération, cette mesure "précipitée" est "le coup de grâce pour une profession qui avait déjà été très durement éprouvée, et qui se sent aujourd’hui sacrifiée."
"La production de films est condamnée"
La situation est d'autant plus critique que les salles de cinéma avaient repris du poil de la bête ces dernières semaines avec la fête du cinéma et le festival de Cannes. En tout, plus de 8,5 millions d'entrées ont été vendues au cours du premier mois de reprise. La FNEF voit dans cette brutale chute des entrées un mauvais signal pour l'avenir du 7e Art en France:
"Sans les investissements des distributeurs, la production de films est condamnée et l’exploitation en salles ne peut survivre. Sans équilibre économique et financier, les films seront massivement déprogrammés des salles au bénéfice des plateformes numériques, signant ainsi la fin de notre modèle culturel."
La FNEF demande ainsi aux pouvoirs publics la mise en place d'un plan d’aides en faveur de la distribution, avec notamment "une indemnisation des frais engagés pour les films dont l’exploitation a été quasiment stoppée, et pour les films à venir dont les investissements ne peuvent plus être récupérés" et "une compensation de la chute de la fréquentation pour tous les films en exploitation." "Si un signal n'est pas donné aux acteurs économiques du secteur dans les prochaines heures, il faudra s'attendre à n'avoir dans les salles qu'un écran noir", prévient la FNEF.