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Bandes dessinées

Pourquoi près de 400 auteurs de BD menacent de boycotter le festival d'Angoulême en 2026

Des visiteurs regardent des affiches dans le cadre d'une exposition lors du 52e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le 30 janvier 2025

Des visiteurs regardent des affiches dans le cadre d'une exposition lors du 52e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le 30 janvier 2025 - ROMAIN PERROCHEAU © 2019 AFP

Dans une tribune publiée dans l'Humanité, plusieurs grands noms de la BD tels que Luz, Catherine Meurisse ou Art Spiegelman appellent au boycott de la prochaine édition du FIBD pour s'opposer à un projet de fusion entre l'association fondatrice du festival et la société privée 9e Art+, vivement contestée.

"Nous n’irons pas à Angoulême". Catherine Meurisse, Luz, Anouk Ricard, Art Spiegelman, Posy Simmonds... Près de 400 auteurs et autrices de bande dessinée ont publié une pétition dans le journal l'Humanité pour appeler au boycott de la prochaine édition du festival d'Angoulême prévue du 29 janvier au 1er février 2026.

Dans cette pétition, initiée par deux collectifs d’auteurs, le Syndicat des travailleur·euses artistes auteur·ices et #MetooBD, et signée par plus de 1.000 artistes, les signataires s'opposent à un projet de fusion entre l'association fondatrice du festival et la société privée 9e Art+, qui organise l'événement depuis près de 20 ans.

Cette décision est vivement contestée par le monde de la BD depuis la parution d'une enquête de l'Humanité, lors de l'édition 2025 du FIBD, dénonçant des "dérives" commerciales de l'entreprise 9e Art+, dirigée par Franck Bondoux mais aussi le licenciement en 2024 d'une salariée peu après sa plainte pour viol.

"Depuis plusieurs mois, nous, professionnel.les de la bande dessinée, auteur.ices et autres travailleur.euses du milieu, interpellons l’Association du FIBD d’Angoulême sur la nocivité du contrat qui la lie avec la société 9e Art+, depuis près de vingt ans. Une société dont les pratiques managériales ont été questionnées dans plusieurs articles de presse", peut-on lire dans la pétition.

"Il serait inacceptable que la gérance de cet événement soit à nouveau confiée pour une décennie supplémentaire, voire plus, et sans consultation des parties qui font sa vitalité et sa diversité, à une entreprise qui soulève de nombreuses interrogations sur ses prérogatives", poursuivent les auteurs.

"Mépris à l’égard de nos interpellations"

Comme le confiait Franck Bondoux début avril à l'AFP, sa société 9e Art+ souhaite en effet créer une S.A.S commune avec l'association fondatrice du FIBD. Mais, selon ce dernier, l'association "conserverait la propriété de l'événement et aurait la possibilité de sortir de cette structure".

"Et nous conserverions la gestion de cet actif qui ne nous appartient pas et ne nous appartiendra jamais", précisait-il, affirmant avoir informé "depuis des mois" les partenaires publics du projet qui financent le festival à hauteur de 45%.

"L'idée est de pouvoir pérenniser une structure qui pourra continuer à organiser le festival en ayant une plus grande légitimité: celle du propriétaire de l'événement, et celle de l'organisation qui détient le savoir-faire", indiquait-il.

Malgré tout, les près de 400 signataires de la pétition dénoncent un "mépris affiché à l’égard de nos interpellations répétées", et appellent "à boycotter massivement la prochaine édition du Festival en 2026".

"Sans nous, cette édition sera une coquille vide", concluent les auteurs de la pétition parmi lesquels figurent de grands noms de la bande dessinée tels que Anouk Ricard, Grand prix 2025 du FIBD, Posy Simmonds, Joe Sacco, Catherine Meurisse, Art Spiegelman ou encore Blutch.

Carla Loridan avec AFP