Mort de Jean-Marie Le Pen: quand la BD "Les Tuniques bleues" dénonçait le racisme du fondateur du FN

Détail de la couverture de l'album "Captain Nepel" de Lambil et Cauvin - Dupuis
Figure historique de l'extrême droite pendant près de soixante-dix ans, Jean-Marie Le Pen, mort ce mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans, occupait aussi une petite place dans l'histoire de la bande dessinée.
Si Marine Le Pen a été eu centre de plusieurs albums de BD satiriques, de La Vie secrète de Marine Le Pen à La Présidente, son père a été l'antagoniste d'une des séries les plus célèbres du 9e Art.
En 1993, le fondateur du Front National avait été caricaturé par Willy Lambil et Raoul Cauvin dans le tome 35 des Tuniques bleues sous les traits du capitaine Nepel (Le Pen en verlan), présenté dans l'album comme un "fou furieux" et un "raciste".
Expulsion
Intitulée Captain Nepel, cette aventure raconte le désordre causé par ce personnage alors qu'il est chargé d'assurer le commandement du Fort Bow pendant la convalescence du colonel Appeltown. Le fort est ici une métaphore de la France.

Sur place, soldats et Indiens cohabitent et vivent du troc. "Ça fait un moment qu'ils ont enterré la hache de guerre. Depuis, ils se sentent ici comme chez eux", explique un des officiers au capitaine Nepel.
Refusant cette cohabitation, Nepel procède immédiatement à l'expulsion du cuisinier noir, du blanchisseur chinois et des Indiens du fort. Une référence directe au programme du FN, qui voulait "procéder à l'expulsion effective des immigrés clandestins".
"Il est devenu fou ou quoi?!" s'indigne le caporal Blutch avant de se résoudre à son impuissance: "Il est mon supérieur."
Discours anti-migrants
Qualifiant l'un des soldats de "sale Indien", Nepel hurle: "Qu'est-ce que vous attendez pour le rejoindre, vous et les vôtres?! Vous n'avez rien à faire ici." "À mon avis, nous sommes tombés sur un raciste", déplore le cuisinier en quittant le fort.

"Désormais les portes resteront closes et je ne tolérerai plus un de ces métèques dans l'enceinte du fort", insiste Nepel. Son objectif: "ne voir à l'intérieur (du fort) que des Américains. Des vrais", ajoute-t-il en écho aux discours anti-migrants du FN.
"Nous n'avons pas besoin de main-d'œuvre étrangère, nom de nom! Nous sommes capables de nous débrouiller seuls", ajoute-t-il. "Je suis pour le chacun chez soi! Si on les laissait faire, nous serions envahis. C'est ça que vous voulez?"
Après l'expulsion des personnes racisées, le fonctionnement du Fort Bow est moins efficace. Chesterfield et Blutch se chargent cependant de sauver la mise et de rétablir l'ordre. Et Nepel finit devant la cour martiale.