Suicide de Nicolas: l'ex-rectrice de l'académie de Versailles présente ses excuses aux parents

"Je comprends leur indignation." Ce samedi soir, Charline Avenel, l'ex-rectrice de l'académie de Versailles, prend pour la première fois la parole dans les colonnes du Parisien, quelques semaines après le suicide de Nicolas, un adolescent de 15 ans.
"Je présente en mon nom et au nom de l’institution que j’ai dirigée des excuses aux parents. Il est inadmissible qu’ils aient reçu un tel courrier. J’ai été bouleversée en apprenant le décès de cet élève. Lorsque j’ai découvert il y a une semaine, dans la presse, l’existence de ce courrier, j’étais effondrée", a-t-elle affirmé.
Le 5 septembre dernier, Nicolas s'est suicidé à son domicile de Poissy dans les Yvelines. Selon ses proches, il avait été harcelé ces derniers mois par deux camarades. Il était à alors élève de troisième en prépa professionnelle au lycée Adrienne-Bolland de Poissy. Face aux alertes de ses parents, et à la menace de plainte contre le proviseur de l'établissement, une lettre du rectorat de Versailles leur avait été adressée, comme l'avait révélé BFMTV. Elle leur demandait "d'adopter une attitude constructive et respectueuse", leur rappelant les risques en cas de dénonciation calomnieuse.
"Des failles dans la procédure"
Charline Avenel, qui ne travaille plus au rectorat depuis la mi-juillet, affirme au Parisien que cette lettre "a été rédigée et signée par la direction des ressources humaines du rectorat" et qu'elle n'en avait pas eu connaissance. Ce type de courrier est censé être envoyé lorsque le chef d'un établissement fait une demande de protection fonctionnelle, qui lui apporte assistance juridique et prise en charge des frais d'avocat.
"Un courrier de réprobation est adressé par le rectorat aux parents qui menacent un membre du corps enseignant", explique-t-elle, soulignant cependant que la lettre n'aurait jamais dû être envoyée: "Dans le cas présent, il n’y avait pas à envoyer un tel courrier à des parents en détresse, sur un cas de harcèlement et sans prendre le soin d’échanger avec l’établissement et le référent harcèlement départemental qui sont en charge de ces questions."
"Ce dysfonctionnement met en évidence des failles dans la procédure et pose la question de la relation humaine avec les usagers", ajoute-t-elle.
Une enquête en cours
Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal avait qualifié de "honte" ce courrier envoyé aux parents quelques mois avant la mort de leur fils.
La Première ministre Élisabeth Borne avait elle aussi dénoncé de son côté sur notre antenne le ton "choquant" du courrier adressé aux parents. "Il y a eu manifestement défaillance sur le type de réponse adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets", dit-elle.
"Une enquête est en cours", assure Charline Avenel, afin d'expliquer "le cheminement de ces courriers". Elle a demandé à être entendue par l'inspection "pour faire la lumière sur l’origine de ces lettres et les dysfonctionnements qu’elles révèlent". "De ce que je sais de l’attitude des parents, absolument rien ne justifiait cet envoi", a-t-elle conclu.