Seine-Saint-Denis: le FC Romainville vent debout contre la destruction de son stade au profit d'un lycée

À Romainville, le football rassemble par-delà les générations. Sections hommes et femmes confondues, le club amateur local compte quelque 630 licenciés, de 3 à 55 ans. Cela fait environ 15 ans qu'ils foulent la pelouse du stade Jean-Guimier, une enceinte récemment distinguée par la Fédération française de football via son "label jeunes".
Aujourd'hui, le stade Jean-Guimier est en sursis. Le maire de Romainville, François Dechy (DVG), entend le détruire pour faire place à un nouveau lycée général. Un déchirement pour les licenciés.
Farouchement opposés à ce projet pour lequel ils affirment ne même pas avoir été concertés, une trentaine d'entre eux y sont rassemblés depuis lundi. Mourad Daguemoune, président du Football club de Romainville, s'y rend chaque jour entre 5h et 5h30 du matin.
"On va perdre plein de jeunes"
Mercredi, des salariés d'une entreprise mandatée par la région devaient y réaliser des études géotechniques préalables à la construction du lycée. "On leur a expliqué tranquillement l'action qu'on menait. Ils comprenaient tout à fait et ont fait demi-tour", retrace le président du club au micro de BFM Paris Île-de-France.
Éducateur au FC Romainville, Koceila met en lumière la dimension éducative que revêt le club. "On va perdre plein de jeunes, craint-il. Il y a des jeunes qui sont en difficulté, qui ont des situations familiales compliquées, qui ont des situations financières compliquées. Que ce soit le président, qui nous a accompagnés depuis qu'on est petits -et moi le premier-, on essaye d'accompagner les jeunes pour qu'ils puissent réussir. Que ce soit dans le domaine sportif ou scolaire."
Les licenciés prévoient d'occuper le stade et ses abords jusqu'à vendredi. Pour donner plus d'écho à leur revendications, certains ont placardé des messages sur les grilles de l'enceinte.
"Guimier, c'est ma maison", peut-on lire en lettres capitales sur un morceau de tissu. Sur d'autres, on décèle des attaques directes contre le maire de Romainville: "Le FCR rassemble la communauté, Dechy la divise". Ou encore: "Dechy, 49.3 local".
Une seule classe de seconde dans toute la ville
Pour François Dechy, justement, la construction d'un nouveau lycée général est impérative dans une ville qui ne compte qu'une seule classe de seconde.
"On souffre beaucoup d'avoir nos collégiens qui sont obligés d'aller en dehors de Romainville pour poursuivre leurs études, dans quatre à cinq lycées, avec des temps de trajet pour les lycéens de 30 à 50 minutes", justifie l'élu.
L'intéressé promet aux licenciés qu'ils n'auront pas à migrer vers le stade Stalingrad, situé à une dizaine de minutes à pied de Jean-Guimier, mais qu'ils pourront jouir d'une enceinte flambant neuve dans les années à venir, et ce avant même la construction du lycée. Pour l'heure, l'argument peine à convaincre les dirigeants du FC Romainville.