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Paris Île-de-France

Saint-Denis: la mairie s'excuse après le retrait provisoire d'une stèle en hommage aux victimes de l'esclavage

La stèle commémorative à Saint-Denis.

La stèle commémorative à Saint-Denis. - Mairie de Saint-Denis

Afin de restaurer une stèle en hommage aux victimes de l'esclavage, la ville de Saint-Denis l'a retirée provisoirement. Un retrait effectué sans prévenir l'association CM98, qui s'en est indigné. La mairie a présenté ses excuses.

Inaugurée au mois de mai 2013, une stèle mémorielle en hommage aux victimes de l'esclavage a été temporairement retirée de l'espace public le 30 mars, comme l'a révélé Le Parisien. Un retrait effectué sans prévenir qui a indigné une association.

La ville souhaite effectuer des travaux de restauration sur la stèle, une structure sphérique et métallique, sur laquelle des médaillons rendent hommage aux noms de 213 esclaves, un nombre choisi en résonance aux 213 années d'esclavage qui se sont écoulées entre 1635 et 1848.

La structure doit également être décalée d'une vingtaine de mètres, sur la place Robert-de-Cotte, où elle sera installée le 23 mai lors d'une cérémonie.

"Une indélicatesse qui mérite des excuses"

Pour les associations, la méthode ne passe pas. Sur les réseaux sociaux, le Comité Marche 23 mai 1998 s'en est indigné. "C'est une indélicatesse qui mérite des excuses publiques de la ville de Saint-Denis, de ne pas avoir communiqué auprès des associations des descendants de victimes de l'esclavage", a déclaré l'association sur X.

"Symboliquement, on le vit comme une déportation supplémentaire qu'on leur fait subir", ajoute l'association dans une vidéo accompagnant la publication. Le député communiste de la 2e circonscription du département Stéphane Peu a lui aussi fait savoir son "incompréhension" dans un communiqué.

La ville de Saint-Denis a présenté ses excuses à travers un communiqué publié lui aussi sur les réseaux sociaux. La municipalité informe avoir "convenu que l'emplacement de la stèle pouvait être amélioré", notamment en la plaçant dans une zone vidéosurveillée, après avoir constaté des dégradations.

"La stèle, en dehors des commémorations, était peu visible et avec peu de passage. Enfin, lors des commémorations, le site n'était pas adapté à l'accueil d'un grand nombre de participants", est-il précisé.

Une réinstallation prévue le 23 mai

La mairie assure que les associations devaient être prévenues de ce retrait provisoire. Mais "le prestataire chargé de la dépose de la stèle a profité d'une disponibilité dans son plan de travail le 30 mars pour réaliser la commande sans prévenir et donc sans que le processus convenu, s'agissant d'une œuvre mémorielle, soit respecté", explique le communiqué.

Face à la "vive et compréhensible émotion" suscitée, la ville "tient à présenter publiquement ses excuses à celles et ceux qui ont pu croire à un retrait pur et simple de la stèle". Elle rappelle tout de même "la mobilisation historique de la ville dans le devoir de mémoire pour les victimes d'esclavage colonial".

La mairie a ainsi proposé de financer l'entièreté de la restauration de l'œuvre et sa réinstallation au cours de la cérémonie du 23 mai prochain, date de commémoration de l'abolition de l'esclavage.

Nicolas Dumas avec Mathias Fleury