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Paris Île-de-France

Après l'affaire Oudéa-Castéra, le recteur de l'académie de Paris Christophe Kerrero démissionne

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Le recteur de l'académie de Paris a présenté sa démission. Le cabinet de la ministre de l'Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra "prend acte de sa décision".

Dans le monde de l'éducation, cette démission fait grand bruit. Et elle représente une nouvelle épine pour la ministre de l'Éducation, déjà rejetée par les enseignants. Le recteur de l'académie de Paris Christophe Kerrero a annoncé quitter ses fonctions ce vendredi 2 février.

En poste depuis juillet 2020, il a expliqué sa décision dans une lettre adressée aux personnels de l'académie, sur fond d'échec de son projet de réforme des classes préparatoires dans la capitale, destiné à introduire davantage de mixité sociale.

"Je quitte aujourd'hui mes fonctions de recteur de l'académie de Paris, quand notre École est en proie au doute et que la situation exige pourtant une mobilisation de chacun de ses acteurs", écrit-il.

Il ajoute: "Je m'adresse à vous une dernière fois, comme recteur, pour vous inviter à ne jamais perdre espoir".

Une démission surprise

Une démission surprise qui intervient à la suite de désaccords profonds avec la nouvelle ministre Amélie Oudea Castera. Le cabinet de la ministre de l'Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra "prend acte de sa décision" et assume "le moratoire sur les fermetures de trois classes prépas".

Le recteur de Paris, comme toute la communauté éducative, avait peu goûté les propos diffamatoires contre l'école et le "paquet d'heures non remplacées à l'école Littré" où était scolarisé son fils.

Il ne cachait pas en privé également son opposition aux classes de niveau en maths et français, en 6e et 5e, que le ministère veut instaurer à la rentrée prochaine. Des classes qui regrouperaient les élèves les plus fragiles notamment.

Dans sa lettre, il y fait allusion: "notre mission première est de donner de l'espoir en même temps que l'éducation aux élèves les plus éloignés de la réussite. Notre pays passe à côté de trop de talents et mon parcours personnel m'y rend particulièrement sensible. J'ai été l'un de ses élèves en échec et il s'en est fallu de peu que je ne rejoigne la cohorte des exclus si certains professeurs, dans un autre cadre, n'avaient  cru à mes capacités révélées plus tardivement".

Une nouvelle épine pour la ministre de l'Éducation

Réputé de droite, le recteur avait bataillé pour imposer davantage de mixité sociale dans une académie perçue comme la plus ségréguée de France. Il avait réussi à faire progresser de manière importante les résultats en lecture au primaire, notamment dans les écoles classées REP + , et à imposer cette idée de renforcer la mixité sociale dans les établissements, à doubler le nombre d'élèves boursiers à Henri IV et Louis-le-Grand.

Son dernier projet était de créer de nouvelles prépas à destination de futurs professeurs des écoles, et de bacheliers professionnels, en fermant quatre classes prépas parisiennes existantes. "Cela ne dépassait guère la dimension symbolique (...) mais notre pays est sensible aux symboles, surtout quand ils sont porteurs d'espoirs pour ceux qui en ont si peu" écrit le recteur dans une lettre aux personnels. 

La ministre avait décidé d'accéder aux protestations contre ce projet en décidant d'un moratoire ces derniers jours sur ces fermetures, annoncé au Conseil Supérieur de l'Éducation, sans en avoir au préalable informé le recteur, ni l'avoir appelé par la suite. La goutte d'eau amenant à la démission du recteur.

Dans un message laconique, l'entourage de la ministre a remercié le recteur pour son action et précisé qu'il assumait de ne pas fermer ces quatre classes prépas tout en assurant des ouvertures prévues.

Véronique Fèvre et Solenne Bertrand