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Rats à Paris: une élue animaliste préfère parler de "surmulots" pour éviter un mot "connoté négativement"

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Ce jeudi, la conseillère de Paris, Douchka Markovic, a préconisé de "boucher les trous" dans les logements pour lutter contre les "surmulots".

Le sujet revient régulièrement sur la table au Conseil de Paris: la présence des rats dans la capitale. Lors de la session de cette semaine, le conseiller du groupe Changer Paris et élu dans le 17e arrondissement Paul Hatte a pris la parole pour dénoncer "l'augmentation du nombre de rats sur l'espace public (...) et aussi dans les immeubles".

"On a des habitants qui nous font des remontées parce qu'ils sont de plus en plus inquiets de la présence de ces rats qui parfois les empêchent même de se déplacer dans les parties communes", explique l'élu, rappelant qu'il incombe aux bailleurs de dératiser.

A ce sujet, Paul Hatte formule une demande à laquelle il associe le maire du 17e: "Ce qu'on voudrait avec Geoffroy Boulard et les élus du 17e arrondissement, ce serait une évaluation des dispositifs mis en place par les bailleurs sociaux pour avoir des moyens qui soient durables et efficaces".

Surmulot, "moins connoté négativement" que rat

Dans l'hémicycle, c'est au tour de Douchka Markovic, conseillère de Paris, membre du parti animaliste et du groupe des écologistes, de demander une explication de vote. "Oui la présence de rats peut être une difficulté lorsqu'ils se trouvent dans nos logements ou nos caves. Personne ne peut nier ce fait, il y a des rats à Paris que je préfère surnommer 'surmulots' moins connoté négativement", lance l'élue du 18e arrondissement. Pour étayer son propos, l’élue a dressé l’ensemble des qualités des "surmulots".

"Le premier bilan est de constater que le rôle important joué par les surmulots au quotidien dans les égouts avec l’évacuation des centaines de tonnes de déchets et de débouchage de canalisation, souligne-t-elle. Ils sont nécessaires à la gestion des égouts de la ville de Paris.”

"Le nettoyage et l’absence de nourriture en surface semblent être la solution majeure, souligne Douchka Markovic. A cela doit se coupler le bouchage des trous permettant aux surmulots de remonter dans les immeubles ou la pose des grilles dans certains endroits."

La mairie de Paris salue "l'implication" des élus locaux

Une réponse "lunaire", d'après le conseiller d’opposition, qu'il n’a pas tardé à partager sur les réseaux sociaux. "Je vous propose d'amender le mot rat par surmulot", a ironisé Paul Hatte avant le vote du voeu.

Ce dernier a été rejeté au profit d'un voeu de la majorité municipale allant finalement dans le même sens que le voeu du groupe Changer Paris. Ian Brossat, maire-adjoint en charge du Logement a rappelé les actions de dératisation déjà menées.

"Chaque adresse qui est détenue par un bailleur social fait l'objet d'au moins une intervention annuelle de dératisation, c'est systématique et il s'agit d'une option de prévention", a-t-il rappelé, insistant sur le fait que 850 interventions ont été réalisées en 2021 par les trois bailleurs sociaux de la ville.

Saluant "l'implication" de Paul Hatte sur cette question, Ian Brossat s'est par ailleurs dit à l'entière disposition des élus "pour avancer sur ces sujets qui nous tiennent à coeur". "Cela vaut pour l'ensemble des maires d'arrondissement, n'hésitez pas à nous signaler les adresses sur lesquelles vous pourriez rencontrer des difficultés", a ajouté Ian Brossat.

Ces dernières années, des associations animalistes et certains élus ont mis en avant les méthodes "cruelles" utilisées pour dératiser. Outre ces usages, ils pointent du doigt leur inefficacité et préconisent des mesures non létales. Si le rat est utile, notamment dans les égouts pour éliminer une partie des déchets, il peut poser des problèmes de salubrité.

Charlotte Lesage