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Paris Île-de-France

"Presque une insulte": les étudiants fustigent la compensation pour la réquisition de logements Crous en vue des JO

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Douze résidences des Crous de Paris, Versailles et Créteil vont être réquisitionnées pour les Jeux olympiques. Les étudiants contraints de quitter leur logement vont recevoir 100 euros et deux places pour des épreuves sportives en guide de dédommagement.

Victor n'en revient toujours pas. Lors des prochains Jeux olympiques à Paris, cet étudiant ne pourra pas rester dans sa chambre de la résidence universitaire. "On reçoit un mail qui nous dit que notre logement sera réquisitionné à partir du 30 juin 2024", explique-t-il.

Pour les JO prévus l'année prochaine en France, l'État va réquisitionner les logements Crous de plus de 2.000 étudiants pour loger les pompiers, soignants, forces de l’ordre et de la sécurité civile pendant les Jeux olympiques.

Les étudiants dont le logement Crous sera réquisitionné en juillet et août prochain recevront une indemnité de 100 euros et deux places pour assister à des épreuves olympiques, a dévoilé ce jeudi le gouvernement.

"100 euros ça ne fait même pas un mois de course"

Certains pensionnaires jugent le dédommagement insuffisant et incompatible avec leur vie d'étudiant.

"Je vais peut-être devoir travailler un 35 heures pendant les vacances, je n'aurai peut-être pas forcément le temps d'y aller (aux Jeux olympiques, NDLR). Même les 100 euros, ça ne va pas être suffisant. 100 euros ça ne fait même pas un mois de course", appuie Enasta, étudiante, logée au Crous de Créteil.

D'autres dénoncent même un cynisme de la part du gouvernement, après l'annonce de cette compensation par la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau.

"Aujourd'hui, les problématiques des étudiants ne sont pas 'est-ce qu'ils pourront aller voir une épreuve des Jeux olympiques ou pas', mais c'est la question de la précarité, c'est la question de la sélection à la fac, des conditions d'études, des conditions de vie", réagit Salomé Hocquard, membre de l'UNEF, en charge des affaires sociales.

Et d'ajouter: "Donc évidemment qu'une annonce comme ça, c'est presque une insulte face aux conditions de vie et d'études des étudiants aujourd'hui".

Un relogement à proximité proposé

Face à la polémique, Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, avait tenu ces derniers jours à réagir, assurant notamment que les étudiants ont été prévenus dès le printemps dernier et qu'ils retrouveront tous leur logement au 1er septembre.

"On a aujourd'hui 7% des résidences en Ile-de-France où les étudiants vont être concernés par le fait de laisser leur logement en juillet et août, pour tous les agents du service public qui sont indispensables (...) On a tous besoin de faire, de temps en temps, des efforts pour que l'organisation des JO puisse être la plus fluide possible", avait-t-elle soutenu.

De son côté, le directeur général délégué du Crous tient également à rassurer les 2.000 étudiants concernés par la réquisition de leur chambre.

"On contactera chaque étudiant individuellement. Un étudiant qui est logé dans l'une des douze résidences concernées pourra bénéficier d'un relogement à proximité durant la période de juillet à août, s'il en a besoin", précise Clément Cadoret, directeur général délégué du Crous.

La ministre de l'Enseignement supérieur rappelle que chaque été, 30% des logements Crous, soit 6.000 appartements se retrouvent inoccupés.

Le tribunal administratif de Paris a suspendu en référé la décision du Crous, organisme qui gère notamment les résidences étudiantes, de limiter au 30 juin les baux d'occupation des logements étudiants en vue des JO de Paris 2024.

Après un recours du Crous, une audience devant le Conseil d'État doit avoir lieu "fin novembre-début décembre", selon une source judiciaire citée par l'AFP.

Hilal El Aflahi, Caroline Bertolino, Tom Becques, Louis Gagnepain avec Nolwenn Autret