Plantations, voiries: comment la porte de la Chapelle change de visage à Paris

La porte de la Chapelle change de visage. Promesse de campagne d'Anne Hidalgo en 2020, des travaux sont mis en œuvre pour les Jeux olympiques de Paris 2024 et la construction de l'Arena. Trois ans après et à quelques mois de cet événement mondial, où en sont les travaux?
"Ça a trop changé"
La future piste cyclable bidirectionnelle fera quatre mètres de large. Les contre-allées ont été supprimées et transformées en trottoir. La promesse de la ville de Paris est claire: mettre un terme à "l'autoroute urbaine" qui passait rue de la Chapelle. L'investissement est évalué à près de 50 millions d'euros.
"Ça a trop changé", explique Ligia, habitante du quartier, au micro de BFM Paris Île-de-France. "On a l'habitude de dire que l'avenue des Champs-Elysées est très belle. Je trouve que la rue de la Chapelle est très belle aussi", ajoute-t-elle.
Un autre changement concerne la végétalisation du secteur qui comptera 162 arbres, dont une soixante qui seront plantés. Ces plantations hivernales ont débuté avec des érables. Deux nouveaux alignements d'arbres se feront entre les stations Marx Dormoy et porte de la Chapelle.
"Ce sont des arbres qui vont peut-être atteindre, à l'âge adulte, les 20 à 30 mètres de haut. Ils vont offrir une belle ombre", note Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris en charge de la végétalisation de l’espace public au micro de BFM Paris Île-de-France.
Cette variété est mieux adaptée au réchauffement climatique, avec des besoins en eau moins importants que les platanes selon l'adjoint.
"Limiter les risques de mauvaise occupation"
Dans ce quartier, connu pour le trafic de drogue et la délinquance, cette réorganisation de l'espace vise à le rendre plus vivant et plus sûr. Dans la matinée de ce mardi 5 décembre, les élus ont d'ailleurs été pris à partie par une habitante, dont le fils avait été agressé le matin même à quelques rues de là.
La présence policière était bien visible ce mardi matin avec des patrouilles de CRS et la présence de leur véhicule.
"Les aménagements en soi ne règlent pas les problèmes de sécurité. Par contre, la réalité, c'est qu'occuper l'espace, et l'occuper positivement, ça permet de limiter les risques de mésusage et de mauvaise occupation", explique Emmanuel Grégoire, premier adjoint socialiste à la maire de Paris au micro de BFM Paris IDF.
"Ce n'est pas comme cela que l'on règle tous les problèmes, mais on y contribue avec un investissement de la préfecture de police, de la ville de Paris, tout ce qui permettra de régler les problèmes de sécurité", poursuit-il.
Un "bétonnage en règle du quartier"
"On veut que le quartier serve aux habitants", renchérit Éric Lejoindre, le maire socialiste du 18e arrondissement de Paris au micro de BFM Paris Île-de-France. L'édile explique que cet aménagement a plusieurs fonctions: "d'abord avec la végétalisation, pour faire baisser la température et adapter la ville aux changements climatiques, ensuite, pour réduire la circulation automobile, pour faire en sorte qu'il y ait moins de pollution et surtout, pour rendre de l'espace aux habitantes et aux habitants."
Éric Lejoindre espère que l'espace deviendra un "endroit où on va pouvoir vivre et un endroit, où on va avoir de bonnes raisons de s'arrêter. C'est le sens de l'Arena et de la fac" avec le campus Condorcet de Paris 1 qui doit ouvrir à la rentrée 2025.
"On nous a sinistrés"
Des promesses auxquelles ne croient pas Farid, le gérant du bar "Le Paris Go". Ce mardi matin, la salle de l'établissement est désespérément vide, sa terrasse se résume à deux tables.
"On nous a sinistrés. Les travaux nous ont impactés dans la mesure où il n'y a plus de passage. On ne peut pas dire que demain ça ira bien, puisque ça fait 17 ans que l'on nous promet que ça ira bien", déclare Farid.
Il déplore une importante perte de chiffre d'affaires sans pour autant la chiffrer. "Mais on n'a pas à se plaindre à la mairie, on n'est pas des mendiants. C'est à eux de venir nous voir et regarder ce qui se passe réellement", dénonce-t-il.
Pour Rudolph Granier, élu du groupe Changer Paris, le changement ne va pas dans le bon sens. Il dénonce le "bétonnage en règle du quartier avec privation d'espaces verts". Et de poursuivre que "la ville de Paris pense régler les problèmes avec le béton et l'urbanisation galopante".
Les nouveaux aménagements doivent être livrés au premier semestre de l'année prochaine, soit quelques mois avant les Jeux olympiques qui se dérouleront à l'Arena.