Tags au Mémorial de la Shoah à Paris: la piste bulgare privilégiée par les enquêteurs

Des ressortissants bulgares sont soupçonnés d'être les auteurs des tags de mains rouges taguées sur le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah, dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai, a appris BFMTV de source proche du dossier, confirmant une information du Canard Enchaîné.
Selon nos informations, la piste privilégiée par les enquêteurs est la piste bulgare: trois ressortissants bulgares ont réalisé les tags et sont repartis après les faits. Ces personnes n'ont pas été interpellées et ont quitté le territoire français rapidement après les faits.
À la suite de ces révélations, le parquet de Paris a confirmé que "l’exploitation de la videosurveillance a permis de retracer le cheminement de trois personnes dans la nuit de la commission des faits jusqu'à un hôtel du 20e arrondissement".
Selon le parquet, ces trois personnes se sont ensuites rendues "vers la gare routière de Bercy", pour rejoindre "la Belgique". "Les investigations ont également établi que les réservations avaient été effectuées depuis la Bulgarie."
Derrière cette opération, l'hypothèse privilégiée par les enquêteurs est celle de l'ingérence russe, sans que cela soit confirmé à ce stade. "Les investigations se poursuivent dans le cadre de l’enquête préliminaire", souligne seulement le parquet.
Le mode opératoire rappelle celui des de tags d'étoiles de David, qui avaient été retrouvées sur plusieurs murs parisiens fin octobre 2023. Trois hommes moldaves avaient été identifiés comme les auteurs de ces dégradations. Ils étaient venus taguer à Paris en échange d'une petite somme d'argent.
"Affligeant" pour le directeur du Mémorial
Jacques Fredj, directeur du mémorial de la Shoah, accueille cette nouvelle information "avec prudence". "Bien évidemment, si ces informations sont confirmées (...), je trouve cela particulièrement affligeant", réagit-il sur BFMTV. "Affligeant que l’on joue sur cette thématique. Affligeant qu’une puissance étrangère joue avec un sujet aussi grave (...), la montée de l'antisémitisme."
"Je ne voudrais que ce qu’il s’est passé avec ces mains rouges cache la véritable campagne d’antisémitisme que nous subissons en France depuis le 7 octobre", poursuit-il.
Le maire de Paris Centre, où se situe l'établissement, est du même avis. "Si la piste est confirmée, cela montre que ce sujet est particulièrement inflammable" en France, note Ariel Weil.
Il évoque aussi la possible volonté d'influer sur les JO, sachant que le Mémorial de la Shoah fait partie du périmètre des Jeux. "Il n’est pas interdit de penser, si la piste est confirmée, qu’il y a aussi une volonté de montrer que les Russes ou d’autres grandes puissances étrangères sont capables d'interférer avec l’organisation de grands événements."
Une enquête ouverte
Concernant les tags du Mur des Justes, une enquête a été ouverte au lendemain des faits pour "dégradations volontaires sur un bien classé et en raison de l'appartenance à une nation, ethnie, race ou religion". Cette dernière a été confiée à la sûreté territoriale de Paris. La maire de Paris Anne Hidalgo avait saisi la procureure la veille.
De nombreuses personnalités politiques avaient dénoncé ces inscriptions le jour de leur découverte. Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait également pris la parole pour dénoncer un acte "abject", qui résonne "comme un cri de ralliement haineux contre les juifs."
Ariel Weil, maire de Paris Centre où se sont déroulées ces dégradations, soulignait également que les tags ont été inscrits "le jour même de l'anniversaire" de la rafle du Billet vert.