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Paris Île-de-France

Paris: plusieurs milliers de personnes manifestent contre les violences sexistes et sexuelles

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Un cortège de plusieurs milliers de personnes s'est élancé, tout de violet vêtu, ce samedi dès 14 heures de la place de la République (3e) afin de rejoindre la place de la Nation (11e), pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles.

Une vague violette s'est emparée de la capitale. Ce samedi après-midi, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées à Paris, comme dans plusieurs villes françaises, pour marcher contre les violences sexistes et sexuelles, à l'initiative du collectif Nous Toutes.

Le cortège s'est élancé, tout de violet vêtu, dès 14 heures de la place de la République (3e) afin de rejoindre la place de la Nation (11e). Des pancartes avec des slogans comme "Ras le viol", "Je te crois, tu n'y es pour rien", "Éduquez vos fils" ou "Céder ≠ consentir" pouvaient être aperçus.

"Il y a un décalage entre les politiques publiques mises en place par le gouvernement et la réalité des violences. Les gens descendent dans la rue pour dire qu'ils en ont marre. Nous souhaitons dire 'stop' aux violences sexistes et sexuelles", a dénoncé Marylie Breuil, du collectif Nous Toutes, sur BFMTV.

En France, quelque 220.000 femmes sont victimes de violences et 94.000 sont violées chaque année, relève Nous Toutes. Depuis le 1er janvier, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, selon le décompte du collectif "Féminicides par compagnon ou ex". Pour l'ensemble de l'année 2020, le chiffre avait atteint 102 féminicides et 146 en 2019, selon le ministère de l'Intérieur.

Un manque de moyens et de formations

"Ce n'est plus possible de tolérer cette violence sur la moitié de l'humanité", a déclaré le candidat vert à la présidentielle Yannick Jadot, présent dans le cortège parisien et pour qui "il faut des formations, des moyens pour les hébergements d'urgence". "Les violences s'exercent aussi dramatiquement sur les enfants, parfois par les mêmes auteurs, il faut agir dès l'école", a-t-il ajouté.

Les organisations féministes estiment que l'État devrait consacrer un milliard d'euros par an à cette lutte, au lieu de 360 millions aujourd'hui.

"Nous sommes à quelques centimes près au milliard (d'euros) qu'elles réclament", a assuré ce samedi Elisabeth Moreno, la ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes.

Elles réclament un effort supplémentaire pour créer davantage de places d'hébergement pour les femmes qui fuient leur conjoint violent. Dans une telle situation, environ 40% des victimes ne se voient proposer aucune solution d'hébergement, et seules 12% obtiennent une place adaptée, avec un accompagnement juridique et psychologique, selon un rapport publié jeudi par la Fondation des femmes.

Selon Marylie Breuil, les victimes "rencontrent de nombreuses difficultés", notamment dans leur prise en charge, "lorsqu'elles vont déposer plainte au commissariat".

"Il existe un problème également au niveau de l'éducation et de la formation des magistrats, des professionnels de santé et des personnes au sein du monde du travail... Toutes les personnes qui reçoivent de près ou de loin la parole des victimes ne sont pas formées", a poursuivi la militante féministe.

Un "cortège chrétien" présent

La manifestation est également l'occasion de dénoncer l'inceste, les violences pédocriminelles ou subies par les enfants dans le cadre conjugal, ont précisé les organisateurs.

Pour la première fois, un "cortège chrétien", porté par des "organisations chrétiennes féministes et LGBTQIA", devait prendre part au cortège parisien, "autour des victimes de violences sexistes et sexuelles dans nos Églises". "Les institutions chrétiennes sont nombreuses à mener de violents combats pour imposer des stéréotypes discriminants" et une "hiérarchisation des sexualités", relève le collectif.

Les défilés de ce samedi sont organisés en amont de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre. À Paris, la manifestation avait attiré il y a deux ans 100.000 personnes d'après les manifestants (35.000 selon la police).

Clément Boutin avec AFP