Paris: les associations dénoncent un "traquenard" après l'évacuation d'un camp de migrants

Sans-abris installés au parc André-Citroën le 1er septembre 2021 - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Procédures d'expulsions, familles séparées, départ "forcé" vers la province: l'opération d'évacuation du campement de migrants sans abri à Paris, samedi, a pris des allures de "traquenard", ont dénoncé mardi les associations qui viennent en aide aux exilés.
Sur les 1.210 personnes qui dormaient au parc André-Citroën, devant la préfecture de la région Ile-de-France (Prif, XVe arrondissement), et qui ont fait l'objet d'une mise à l'abri, "au moins 10 ont été placées en centre de rétention administrative (CRA)" en vue de leur expulsion et "certaines ont été séparées de leur conjoint et de leurs enfants", a alerté le "collectif réquisitions", rassemblant plusieurs associations qui ont organisé ce campement.
Plusieurs personnes interpellées
"Plusieurs personnes sans papiers ont été interpellées et se sont vues notifier une OQTF", une obligation de quitter le territoire français, a ajouté le collectif, lors d'une conférence de presse.
C'est le cas du mari de Bamba M., une Ivoirienne sans papiers de 37 ans, arrivée en août en France et qui a été orientée vers Sarrebourg.
"A la descente du bus, ils l'ont mis dans la voiture de police et on ne l'a plus revu. Maintenant, on dort à la gare avec ma fille de six ans, je suis seule, je ne sais pas où aller", sanglote-t-elle.
Son conjoint, placé au CRA de Metz, doit être présenté à un juge mercredi.
Les autorités ont "organisé ce traquenard", a fulminé Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL (Droit au logement). "Au moment où on dit qu'on va ouvrir des places d'hébergement, voilà qu'on envoie les gens en CRA."
"Déplacement forcé" en province
Les associations dénoncent également, dans un communiqué, le "déplacement forcé" vers la province de 670 personnes, transférées vers Besançon, Rennes ou encore Strasbourg.
"On envoie ces personnes là où on a des places disponibles", répond Didier Leschi, patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), rappelant que les places en région parisienne sont "saturées" et confirmant les placements en CRA de "quelques personnes".
La Prif, chargée de l'hébergement d'urgence, n'a pas répondu aux sollicitations dans l'immédiat.
Le "collectif réquisitions" appelle à une manifestation à Paris vendredi, pour demander des orientations "réelles et pas une opération de communication du gouvernement".