Paris lance sa première Nuit de la solidarité estivale dans trois arrondissements

Habituellement menées l'hiver, les nuits de la solidarité permettent de recenser les personnes sans-abri et d'adapter les politiques publiques à leurs besoins.

Pour la première fois à Paris, la Nuit de la solidarité sera estivale. Depuis 2018, la capitale organise chaque hiver des actions nocturnes afin de recenser le nombre de personnes sans-abri, les connaître et ainsi faire évoluer les politiques publiques en fonction de leurs besoins.

L'opération se déroulera dans la nuit de ce mardi, dans trois arrondissements de Paris, le 8e, le 12e et le 20e. Au total, 500 bénévoles mèneront cette expérimentation estivale des Nuits de la solidarité.

L'été tout aussi mortel que l'hiver

Si la situation des personnes sans-abri inquiète l'hiver, en période de grand froid, beaucoup souffrent également de la chaleur estivale. La mortalité des personnes vivant dans la rue ne varie pas de manière significative d'une saison à l'autre.

D'où la nécessité d'aider les personnes sans domicile fixe tout au long de l'année, en fonction des spécificités liées à la période. En été, certaines pathologies peuvent notamment s'aggraver lors des fortes chaleurs.

"Tous les phénomènes météorologiques, les canicules ou à l'inverse les grands froids les inondations ou les pics de pollution, sont des facteurs qui vont être préoccupants pour les personnes qui sont en situation de rue et de survie", avait alerté Bérangère Grisoni, présidente du collectif "Les morts de la rue", sur notre antenne.

Selon le collectif, 623 personnes sont mortes en 2021 dans la rue, dont 26% en hiver et 20% en été, avec un pic des mortalités constaté en automne.

Ainsi, avec cette Nuit de la solidarité en juin, après une forte période de chaleur à Paris, la ville veut comprendre les besoins des personnes sans domicile fixe durant l'été et faire émerger les différences de leurs conditions de vie selon les saisons.

Des problématiques spécifiques à l'été

Parmi les problématiques spécifiques à l'été, la ville appréhende les besoins d'accès à l'eau, la baisse de l'aide alimentaire ou encore l'impact de la vie nocturne estivale sur l'occupation de l'espace public.

Un dernier volet très important pour la municipalité, à un an des Jeux olympiques. "Les informations recueillies permettront d’ajuster les dispositifs et politiques publiques dédiées à la cause", précise la ville sur son site.

Depuis leur création, les Nuits de la solidarité ont permis l'ouverture de nouvelles places d'hébergement, notamment des lieux qui acceptent les animaux ou pour des femmes sortant de la maternité. Aujourd'hui, 30.000 places sont ouvertes dans la capitale.

Les opérations au fil des années ont également révélé une présence de femmes sans abri beaucoup plus forte que ce qu'annonçait l'Insee. Les Nuits de la solidarité ont permis de créer des structures qui leurs sont dédiées.

Les plans hiver de la ville ont aussi évolué pour répondre aux besoins d'urgence et les dispositifs d'aides à la vie quotidienne ont été renforcés.

Djena Tsimba et Juliette Moreau Alvarez