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Paris: échauffourées entre manifestants et policiers en amont de l'assemblée générale de TotalEnergies

Une dizaine de militants se sont assis par terre devant l'entrée de la salle Pleyel, où doit se dérouler l'assemblée générale à 10h ce vendredi matin.

Des échauffourées entre police et manifestants pour le climat ont eu lieu vendredi à l'aube aux abords de la salle Pleyel à Paris, où doit se tenir dans la matinée l'assemblée générale des actionnaires de TotalEnergies, a constaté un journaliste de l'AFP. La police a notamment utilisé du gaz lacrymogène pour déloger des manifestants.

Une dizaine de militants se sont rassemblés vers 6h ce vendredi matin pour tenter de bloquer l'accès à la rue du Faubourg Saint-Honoré. Ils ont d'abord été délogés par les forces de l'ordre, mais des dizaines de manifestants sont depuis installés pour tenter d'empêcher la tenue de l'AG, selon les appels à manifester diffusés en amont.

Le groupe Total appelle "au calme"

Une mobilisation qui intervient quelques jours après l'assemblée générale du groupe Shell, elle-même fortement perturbée par des manifestants. Fin avril, les collectifs 350.org, Alternatiba, Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Greenpeace, Scientifiques en rébellion et XR avaient déclaré dans une tribune que "l'AG de Total n'aura pas lieu".

"On sait depuis maintenant longtemps que Total sait, connaît les dégâts climatiques de ses activités depuis les années 70", déclare Marylène, militante écologiste, au micro de BFMTV. "On est là pour protester contre ça, et envoyer un message à toutes les majors pétrolières, comme quoi il faut absolument arrêter ces activités."

Ce vendredi, les autorités s'attendaient à la présence de 200 à 400 personnes "qui veulent absolument empêcher la tenue de l'AG", rapportait une source policière à l'AFP. De son côté, l'ONG Greenpeace annonçait près de 700 activistes mobilisés aux abords de la salle Pleyel.

Face aux tensions entre forces de l'ordre et manifestants, le groupe Total a réagi sur Twitter, appelant "au calme".

"Si tous les avis doivent pouvoir s'exprimer dans le respect, nous appelons au calme et condamnons toute forme de violence, verbale ou physique", écrit le groupe, disant également "regretter" la situation, après qu'une manifestante du collectif Alternatiba a dénoncé l'utilisation de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre.

L'impact écologique au coeur des débats

À l'origine de ces tensions, la responsabilité environnementale de TotalEnergies. Le géant français et ses détracteurs sont engagés dans une véritable bataille de communication autour de son empreinte carbone. Car depuis cette année, les grosses entreprises ont pour obligation de le publier dans leur bilan carbone.

Mais chaque entreprise a sa propre méthodologie pour réaliser ces calculs. Ainsi, un rapport de Greenpeace et du cabinet Factor-X accusait TotalEnergies d'avoir émis l'équivalent de 1,64 milliard de tonnes de dioxyde de carbone en 2019, alors que le groupe avait déclaré publiquement avoir émis 455 millions de tonnes.

Le groupe appelé à "aller plus vite" sur la décarbonation

Près de 10 000 actionnaires au sein du collectif Follow This ont même déposé une résolution qui sera débattue lors de l'assemblée générale. Cette dernière doit débuter à 10h ce vendredi.

Les quelque 1,5 million d'actionnaires individuels, présents ou en ligne, seront appelés à voter deux fois sur le climat: une sur la stratégie climat du groupe, qui devrait être adoptée, et une autre, consultative, émanant de l'organisation d'actionnaires activistes Follow This, qui demande à TotalEnergies d'aligner ses objectifs de réduction d'émissions sur l'Accord de Paris de 2015, pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Parmi ces 17 investisseurs, qui détiennent près de 1,5% de TotalEnergies, figurent La banque PostaleAM, Edmond de Rotschild AM, La Financière de l'Échiquier.

Même si le groupe n'envisage pas de baisser significativement ses émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre dans la décennie, il entend consacrer un tiers de ses investissements dans les énergies bas carbone et atteindre 100 GW de capacités d'électricité renouvelable d'ici 2030.

De son côté, le gouvernement a appelé le groupe Total à "aller plus vite" sur les énergies renouvelables. Invitée ce vendredi sur Franceinfo, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a estimé que "l'enjeu c'est d'aller plus vite, plus fort et surtout plus rapidement" sur la décarbonation.

François Pitrel avec L.R. et AFP avec AFP