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Paris: deux Ukrainiennes disent avoir été virées d'un restaurant à cause de leur nationalité, le gérant dément

Le restaurant  Le Cosy Montparnasse où la vidéo a été tournée.

Le restaurant Le Cosy Montparnasse où la vidéo a été tournée. - Capture d'écran

Les deux réfugiés assurent avoir été mises à la porte d'un établissement par son gérant, lundi à Paris. Ce dernier donne une autre version.

"Il a commencé à crier qu’il soutenait Poutine." Larissa et Melisa, deux réfugiées ukrainiennes, affirment avoir été exclues par le gérant du restaurant Le Cosy Montparnasse à cause de leur nationalité ce lundi à Paris. Une scène filmée par Melisa. "Qu’un extrait car ma mère et moi étions sous le choc", précise-t-elle à BFMTV.com.

Cette vidéo de 15 secondes dans laquelle un homme, gérant de l’établissement, répète à deux reprises "Viva Poutine", Kogutyak Volodymyr, le vice-président de l’Union des Ukrainiens de France, l’a partagée ce mercredi sur Twitter. Depuis, deux versions s’opposent.

"C’est arrivé avant-hier (ce lundi, Ndlr). Il pleuvait et nous avions très froid, alors nous avons décidé d’aller dans ce café 'Le Cosy Montparnasse' pour y boire du thé, explique Melisa qui s’exprime en Russe. En ouvrant le menu, nous avons cherché le prix des boissons chaudes, et nous avons appelé la serveuse pour avoir des informations."

"Les Ukrainiens ne sont pas les bienvenus"

La mère et la fille, âgées de 50 et 18 ans, comptent chacune de leur dépense depuis leur arrivée en France, il y a trois mois. "Nous avons expliqué à la serveuse que puisque nous sommes des réfugiés ukrainiennes, nous avons un budget réduit et qu’il est important pour nous de savoir combien cela nous coûte".

Une histoire qui semble-t-il n’aurait pas vraiment ému la serveuse. "En réponse, elle nous a déclaré dans un langage obscène que les Ukrainiens ne sont pas les bienvenus dans leur établissement", poursuit Melisa qui décide d’appeler le gérant.

"Je pensais qu’il n’était pas au courant de la façon dont les membres du personnel interagissent avec les clients dans le café", explique-t-elle. Elle lui expose alors la situation, "et il a répondu en criant qu’il soutenait Poutine et qu’il était juste de tuer le peuple ukrainien", assure la jeune fille qui précise avoir échangé en anglais avec le personnel de l’établissement et son gérant. Kogutyak Volodymyr, le vice-président de l’Union des Ukrainiens de France précise de son côté qu'il n'y a eu aucune atteinte physique.

Interrogé par BFM Paris Île-de-France, le gérant du Cosy Montparnasse reconnaît avoir dit "vive Poutine" après avoir reçu des menaces des deux clients. Il s’en excuse, dit ne pas le penser et avoir agit sur le coup de l’énervement. Lui donne une autre version.

"Je m’en fiche qu’ils soient Ukrainiens, on accepte tout le monde, c’est juste qu’elles n’ont pas voulu consommer et qu’elles ont fait perdre du temps à l’équipe alors que le restaurant était complet."

D’après lui, Larissa et Mélissa voulaient simplement utiliser ses toilettes. Mais dans l’établissement, il faut passer commande avant d’accéder aux sanitaires, rapporte le gérant, précisant que les deux clientes ont accepté la règle.

D’après lui, la serveuse est allée les voir à plusieurs reprises après qu'elles soient allées aux toilettes afin de prendre leur commande, mais elles ne voulaient pas consommer et voulaient changer de place car elles avaient trop froid. Elles lui auraient précisé qu’elles étaient Ukrainiennes.

Le gérant assure recevoir des menaces

Après une demi-heure, Larissa et Mélissa se sont levées pour quitter les lieux. Rattrapées par le gérant qui leur a demandé une nouvelle fois de consommer, ces dernières auraient alors sorti leur téléphone pour mettre un mauvais avis sur le restaurant. Il leur aurait alors demandé de quitter son établissement. Un échange qui s’est fait par l’intermédiaire d’une serveuse polonaise, le gérant ne parlant pas en anglais. De son côté, il assure que les deux femmes ont échangé en anglais entre elles.

Depuis, le gérant affirme recevoir des menaces à cause de la vidéo. En moins d’une journée, l’établissement a reçu une flopée d’avis négatifs sur sa page Facebook.

La mère et la fille assurent que "c’est vraiment la première et unique fois que nous rencontrons ce genre de situation en France". Kogutyak Volodymyr affirme n’avoir jamais eu vent de faits similaires dans cet établissement parisien. L'association devait se réunir ce mercredi soir pour donner une suite, ou non, à cet événement.

Garance Amespil et Charlotte Lesage