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"On est largués": mis à rude épreuve, les étudiants infirmiers franciliens redoutent la 2e vague

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Beaucoup d'étudiants infirmiers réquisitionnés au printemps dernier dans les hôpitaux franciliens ont été durement marqués par leur expérience et craignent d'être à nouveau mobilisés.

Alors que le nombre de contaminations au Covid-19 continue d'exploser en Ile-de-France, les hôpitaux de la région s'attendent à un important afflux de patients dans les jours et semaines à venir.

Déjà grandement mis à contribution au printemps dernier, les étudiants infirmiers redoudent ainsi d'être à nouveau réquisitionnés dans les établissements hospitaliers et les Ehpad franciliens. Pourtant, comme Marie, ils sont nombreux à avoir été traumatisés par leur expérience au plus fort de la crise sanitaire.

"On avait énormément de décès, raconte-t-elle à BFM Paris. On faisait, en tant qu'étudiants, 70 heures par semaine et on était payé 1400 euros par mois. J'ai eu le Covid rapidement, par manque de protection. J'étais très très fatiguée."

"J'ai des camarades qui sortent de cours pour aller pleurer"

L'étudiante de 24 ans, en deuxième année de soins infirmiers, assure avoir "tenu le choc". "Mais j'ai des camarades de promo pour qui ça n'est pas le cas et qui aujourd'hui sortent de cours pour aller pleurer parce qu'ils ont vécu quelque chose d'intense", explique Marie, mobilisée dans un Ehpad durant la première vague.

Si l'apprentie infirmière explique être "toujours passionnée par la médecine", elle se dit peu à peu "dégoutée du métier" depuis le début de l'épidémie. Sur 98 étudiants dans sa promotion, quatre ont d'ailleirs décidé d'abandonner ce métier. Quant à Marie, elle se dit "terrorisée".

Une formation sacrifiée?

Autre sujet d'inquiétude pour les étudiants en soins infirmiers: l'apprentissage. Ils sont nombreux à estimer que leur mobilisation dans les hôpitaux et les Ehpad au printemps leur a fait prendre du retard dans leur formation.

"À l'heure actuelle, je suis incapable de prendre en charge un patient de A à Z", explique par exemple Marie. "On est trente à n'être jamais rentré dans un hôpital, à n'avoir fait que de l'Ehpad. On est largués."

Même son de cloche chez Emmanuelle, étudiante en 2e année de soins infirmiers: "Je ne veux pas avoir la responsabilité d'être diplômée en ayant un parcours de stage comme on a actuellement", assure-t-elle. "C'est super inquiétant pour la suite", ajoute l'étudiante.

Avec le plan blanc décrété il y a quelques jours par le ministre de la Santé, les jeunes infirmiers franciliens seront certainement nombreux à être rappelés pour faire face aux besoins des hôpitaux. Ils craignent cependant d'être à nouveau "exploités", comme Arnaud, étudiant en deuxième année:

"On ne nous a pas laissé le choix, c'est triste de se dire qu'on est considéré de cette façon là, déplore-t-il. On a même certains étudiants qui ont été mis sur des secteurs covid avec 11 patients, sans aucun professionnel."

Certains jeunes infirmiers ont d'ores et déjà été appelés pour renforcer le dispositif "covidom", qui suit les patients positifs à distance en Ile-de-France.

Juliette Mitoyen Journaliste BFM Régions