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Paris Île-de-France

Nanterre: deux policiers seront jugés pour violences sur un mineur et faux en écriture publique

Un bureau décoré du symbole de la justice, la balance, dans une salle d'audience (image d'illustration)

Un bureau décoré du symbole de la justice, la balance, dans une salle d'audience (image d'illustration) - Jacques Demarthon - AFP

Un jeune de 16 ans a reçu un coup de tête au moment d'une interpellation à Suresnes (Hauts-de-Seine) en mars 2021 puis plusieurs fausses contraventions. Sa famille dénonce un acharnement.

Deux policiers doivent être jugés le 5 décembre devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour faux en écriture publique et violences sur un mineur, a appris l'AFP de source proche du dossier, confirmant une information du journal Libération.

Fracture au nez

En mars 2021, un jeune de 16 ans, Mehdi G., est arrêté lors d'un contrôle de police et placé en garde à vue à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine. Lors de l'interpellation, selon le rapport d'enquête de l'IGPN, la police des polices, un des policiers "saisit" Mehdi G. "par la gorge". Ce dernier saisit alors en retour la veste du fonctionnaire, en lui demandant de le lâcher, avant que le policier ne lui "assène un coup de tête".

Une fracture lui sera diagnostiquée par la suite au nez, ce qui pousse le père de Mehdi G. à porter plainte.

Devant l'IGPN, le policier mis en cause déclare avoir donné "un coup de tête au niveau du front" du jeune, mais précise "qu'il avait mesuré sa force et n'avait pas voulu être violent". Il est renvoyé devant le tribunal pour violences volontaires.

Trois verbalisations en un mois

Un mois après le coup de tête, le 27 avril, Mehdi G. est de nouveau contrôlé, en possession d'une sacoche de luxe contrefaite. Interpellé, il est placé en retenue douanière.

Deux jours après, il est de nouveau placé en garde à vue pour des faits de réitération de violation du couvre-feu à trois reprises en moins de 30 jours. De "l'acharnement", proteste son père. Et, le jeune conteste trois de ces verbalisations.

Concernant l'une d'entre elles, le bornage de son téléphone prouve qu'il était bien chez lui, à Nanterre, au moment des faits reprochés, et non à Suresnes comme indiqué sur la contravention. Surtout, le bornage du téléphone du policier auteur de la contravention montre que lui non plus n'était pas présent sur le lieu du contrôle supposé.

Entendu devant l'IGPN, le fonctionnaire, qui relate "bien connaître" Medhi G., explique avoir verbalisé ce dernier depuis le commissariat de Suresnes, après l'avoir "aperçu depuis la vidéo-surveillance", sans que l'auteur de l'infraction supposée "ne soit avisé".

Une pratique courante au sein du commissariat, se justifie-t-il devant la police des polices. Ce fonctionnaire est renvoyé pour faux en écriture publique.

Pour Maître Arié Alimi, l'avocat du plaignant, "cette affaire préfigure ce que la loi LOPMI met en place avec les amendes forfaitaires. Un contrôle social par l'argent et le risque important d'une multiplication des faux en écriture publique par les forces de l'ordre".

J.V. avec AFP