Meurtre de Philippine: comment les enquêteurs sont remontés jusqu'au suspect en Suisse

Un jeune homme, soupçonné du meurtre de Philippine, a été interpellé ce mardi 24 septembre à la gare de Genève en Suisse. Taha O., 22 ans, d'origine marocaine, était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Le corps sans vie de cette jeune femme avait été découvert samedi 21 septembre dans le bois de Boulogne, dans l'ouest de Paris. Elle n'avait plus donné de nouvelles à ses proches depuis vendredi après-midi, après avoir déjeuné au Crous de son université, Paris-Dauphine.
Vidéosurveillance et investigations téléphoniques
Pour remonter jusqu'au suspect, les enquêteurs de la brigade criminelle ont notamment mené des investigations téléphoniques qui ont permis d'identifier le mis en cause, indique le parquet ce mercredi.
Les policiers ont également visionné les images des caméras de vidéoprotection du vendredi 20 septembre. D'après les informations de BFMTV, l’exploitation de ces caméras a montré l’étudiante en train de marcher en direction du bois de Boulogne après son déjeuner.
Les images de vidéosurveillance ont permis de voir que ce même jour, dans la soirée, un retrait à un distributeur d’argent a été effectué avec la carte bancaire de la victime par le suspect, à Montreuil-sous-Bois en Seine-Saint-Denis.
Le suspect est ensuite parvenu à s'échapper du territoire français. La brigade de recherche et d'intervention (BRI) a alors prévenu leurs homologues genevois qui ont arrêté le suspect ce mardi vers 19h.
Le parquet de Paris indique qu'une demande d'extradition va être adressée aux autorités suisses afin de se voir remettre le suspect. La France dispose à partir de l'interpellation d'un délai de 18 jours pour faire sa demande d'extradition à la Suisse.
Une fois en France, Taha O. doit être entendu par les enquêteurs au siège de la police judiciaire de Paris. Le mobile et l'éventuel lien avec la victime, Philippine, ne sont pas connus pour le moment.
Un suspect déjà connu de la justice
Depuis le 18 juin dernier, le suspect était sous OQTF, indique une source policière à BFMTV. Lorsque l'obligation de quitter le territoire français a été prononcée, il n'avait déposé aucun recours pour s'y opposer. Le 19 août dernier, il avait été inscrit au fichier des personnes recherchées à la suite de l'émission de l'OQTF.
Taha O. était arrivé en France depuis l'Espagne en 2019, alors qu'il avait 17 ans. L'homme avait pu pénétrer sur le territoire de manière régulière avec un visa touristique valable du 13 juin 2019 au 27 juillet 2019.
Peu de temps après son arrivée sur le territoire français, il avait commis un viol sur une étudiante de 23 ans. Les faits s'étaient produits sur un sentier forestier à Taverny (Val-d'Oise). Il avait été rapidement identifié par les enquêteurs de la Sûreté départementale du Val-d'Oise grâce à son ADN et interpellé. Après le procès, il avait été condamné à sept ans de prison.
Après le premier viol et son interpellation, il avait été écroué en détention provisoire dès le 5 septembre 2019, au centre pénitentiaire de Nanterre. L'individu avait été transféré au centre de détention de Joux-la-Ville le 15 mars 2022, après sa condamnation. Puis il en était ressorti le 20 juin 2024, pour aller directement en centre de rétention. Le suspect avait donc exécuté quasiment cinq ans de prison sur les sept.
La demande de laissez-passer au Maroc avait été émise le 18 juin 2024, mais pas par le bon service. Ainsi, le 24 juin, les autorités du royaume avaient répondu que la demande devait être émise par la Direction Générale des étrangers en France (DGEF). La DGEF avait ensuite émis cette demande de laissez-passer consulaire le 18 juillet 2024.
Le 3 septembre dernier, un juge des libertés et de la détention l'avait fait ressortir du centre de rétention où il se trouvait avec une obligation de pointage et une assignation à résidence dans un hôtel de l'Yonne, lieu dans lequel il ne s'est jamais présenté. Le 6 septembre, le Maroc avait envoyé un laissez-passer consulaire, permettant son expulsion, mais à ce moment-là, l'homme était déjà dehors.
Une information judiciaire a été ouverte à l'encontre du suspect du meurtre de Phillipine, ce mardi 24 septembre des chefs de meurtre précédé accompagné ou suivi d’un autre crime, en récidive légale, a indiqué le parquet ce mercredi. L'information judiciaire est aussi ouverte pour viol, vol et escroquerie, également en récidive légale.