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Paris Île-de-France

Manque de professeurs: les enseignants de Seine-Saint-Denis craignent une "dégradation" après la rentrée

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De nombreux contractuels ont été embauchés pour permettre aux classes de Seine-Saint-Denis d'avoir un professeur dans chaque matière en cette rentrée scolaire. Mais les enseignants craignent déjà une dégradation pour le reste de l'année scolaire.

Un professeur devant chaque classe? Alors que 2,4 millions d'élèves reprennent le chemin de l'école ce lundi 2 septembre en Île-de-France, les professeurs de la région sont inquiets concernant le bon déroulement de l'année scolaire. En Seine-Saint-Denis, où le manque de professeurs se fait particulièrement ressentir, les enseignants sont déterminés à ce que la rentrée se passe au mieux.

"On sait que la direction académique a recruté énormément de contractuels parce qu’ils ont un objectif très précis: un adulte devant chaque classe à la rentrée. Donc aujourd’hui, on pense qu’il y aura un adulte dans chaque classe", estime Caroline Marchand, co-secrétaire départementale du syndicat SNUipp-FSU en Seine-Saint-Denis, invitée de BFM Paris Île-de-France ce lundi.

En revanche, les enseignants sont loin d'être aussi confiants pour la suite de l'année. "On pense qu’il va y avoir une dégradation. Rappelons que l’année dernière, dans notre département de la Seine-Saint-Denis, il y avait par jour plus de 600 classes qui n’avaient pas d’enseignants à la fin de l’année."

Un manque de professeurs dans la région

La co-secrétaire départementale du SNUipp-FSU estime que 1.000 contractuels ont dû être recrutés pour que chaque classe puisse bénéficier d'un enseignant en cette rentrée scolaire.

Mais dans le reste de la région, la présence d'un professeur devant chaque classe ce lundi est loin d'être une certitude.

"Cette année encore, tous les élèves n’auront pas de professeur devant eux à la rentrée scolaire (...) Il y a encore quasiment 3.000 postes qui n’ont pas été pourvus dans les concours du premier et du second degré", rappelle Étienne Brochard, co-secrétaire départemental SNES-FSU dans les Yvelines.

Un manque de professeurs qui se fera ressentir dès ce lundi dans certains établissements de la région, selon le co-secrétaire syndical.

"Concrètement, dans les collèges et lycées ce matin, les élèves vont arriver, on va leur donner un emploi du temps, et on leur dira par exemple ‘Pour ce début d’année, il n’y aura pas de professeur de mathématiques devant vous’. Ça peut être dans n’importe quelle discipline, et ça peut durer plus ou moins longtemps."

"Nous ne trierons pas nos élèves"

Face à un possible retour de la situation telle qu'elle l'était l'année dernière, où des élèves ont passé des mois sans avoir de professeur dans certaines matières, les syndicats comptent bien "continuer de mettre la pression" sur un gouvernement qui n'est aujourd'hui pas encore défini. Étienne Brochard prévoit ainsi une rentrée "chaotique", avec une ministre démissionnaire "qui malgré cela garde le cap de réformes très contestées".

Une grève nationale a d'ores et déjà été annoncée dans le premier degré le 10 septembre prochain, en particulier pour s'opposer à la réforme du "choc des savoirs", qui prévoit la création de groupes de niveau dans les écoles, avec une évaluation générale des élèves du CP au CM2.

"Ça, on le refuse. C’est une mise au pas de la pratique enseignante", dénonce Caroline Marchand. Dans le second degré également, de nombreux établissements refusent la mise en place de ces groupes, qui "pénalisent particulièrement les élèves qui sont déjà le plus en difficulté", souligne Étienne Brochard.

"Dès le mois de mars, on l’a répété: nous ne trierons pas nos élèves à la rentrée. (...) Dans beaucoup d'établissements, nous allons mettre en place des groupes hétérogènes. Évidemment, ce n’est pas satisfaisant. Nous, ce qu’on veut, c’est le retrait total de cette réforme du choc des savoirs", explique-t-il à BFM Paris Île-de-France.

Il point également du doigt la mise en place de l'uniforme à l'école, une mesure "gadget" pour les syndicats, qui se demandent "en quoi ça peut être une priorité actuellement" comparé à la crise du recrutement et la surcharge des classes.

Les syndicats du second degré n'appellent pour le moment pas à la grève le 10 septembre, comme leurs collègues du premier degré, mais assurent que "des mobilisations vont arriver très prochainement".

Laurène Rocheteau